Un rapport qui doit être présenté mardi à l'Unesco souligne «l'urgence» de changer les règles de l'agriculture mondiale, dans le contexte de la flambée des prix alimentaires et face aux défis environnementaux.
«Le statu quo n'est plus une option» car si la recherche agricole a «permis d'améliorer considérablement la productivité depuis une cinquantaine d'années», les bénéfices de ces progrès «ont été très inégalement partagés», estiment les auteurs du «rapport sur l'état de l'agriculture dans le monde», cités dans un communiqué.
Ces progrès se sont en outre «traduits dans bien des cas par un coût social et environnemental important», ajoute ce texte.
Le «rapport sur l'état de l'agriculture dans le monde», parrainé par cinq agences des Nations unies dont l'Unesco, souligne en conséquence «l'urgence de changer les règles qui régissent l'agriculture moderne».
L'Unesco relève que cet appel intervient «dans un contexte marqué par la flambée des prix des produits agricoles», alors que «depuis mars 2007, les prix du soja et du blé ont augmenté respectivement de 87% et 130%, et les réserves mondiales de blé sont à leur plus bas niveau».
Le rapport préconise notamment que les sciences agricoles «prennent davantage en compte la protection des ressources naturelles et les pratiques dites agro-écologiques» comme l'utilisation d'engrais naturels, de semences traditionnelles, et une «plus grande proximité entre la production des matières agricoles et les consommateurs auxquels elles sont destinées».
Les experts relèvent qu'en Amérique du Nord et en Europe, «les grandes multinationales exercent aujourd'hui une forte influence sur les sciences agricoles et leurs priorités». En Amérique latine et dans les Caraïbes, «l'importation de produits alimentaires a créé une dépendance et perturbé la production locale».
«L’Asie centrale et occidentale et l’Afrique du Nord disposent encore d’une diversité génétique unique, mais elle est en train de disparaître. Ces régions «risquent de pâtir de la faiblesse des ressources en eau dans les années à venir», expliquent-ils également.
Le rapport a été effectué dans le cadre de l'Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement (IAASTD), une initiative lancée en 2002 par la Banque mondiale et la FAO lors du sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg.