Le constat est sans appel: malgré son intérêt pour l'environnement, dans les actes, un français sur deux avoue peu se soucier des origines et des modes de production des produits alimentaires qu'il achète. Seul un quart d’entre eux accepte le principe d’une hausse sensible des prix (>10%) en contrepartie d’un meilleur respect de l’environnement. Autre comportement contradictoire avec la fibre environnementale qu'ils revendiquent: plus d'un français sur deux avoue céder au plaisir d'acheter des fruits et légumes hors saison de production en France, malgré l'impact négatif des transports sur l'environnement.
C'est ce qui ressort de l'étude «Les français, l'environnement et l'agriculture» pour le compte d'Aviva Assurances et en collaboration avec Agriculture & Nouvelles Technologies.
La distance qui s’est créée entre les agriculteurs producteurs et les consommateurs explique en partie la difficulté des seconds à prendre en considération la réalité économique de production des premiers. Une majorité des français avoue n’avoir aucun contact direct et fonder son opinion sur la base des médias ou des associations environnementales. C'est ainsi par exemple qu'une large majorité est convaincue que l’agriculture n’a cessé d’accroître son utilisation de produits chimiques depuis dix ans, alors que les tonnages utilisés sont en baisse sensible. Seul un français sur cinq choisit la position radicale de la suppression des engrais chimiques et des pesticides. Deux tiers les considèrent utiles à la production et jugent que le respect des modes d'emplois responsables et plus prudents pourraient être la meilleure solution. Les autres restent convaincus du caractère indispensable de ces produits et attendent de la recherche qu'elle les rendent plus respectueux de l'environnement.
Néanmoins, les Français restent très attachés à l’agriculture qu'ils considèrent comme un atout du pays. Les français estiment ainsi que le pays doit se donner les moyens de préserver son agriculture et son indépendance alimentaire. Ils sont quasi unanimes à préférer cette option à l'importation des produits, y compris si cela faisait baisser les prix. Ils perçoivent les agriculteurs comme des professionnels courageux, compétents et dignes de confiance.
Seul le respect de l’environnement partage la population. Convaincus que la profession est mal rémunérée pour le travail qu’elle fournit, les Français ont tendance à considérer que les agriculteurs qui commettent des abus environnementaux sont plus souvent les premières victimes d’une pression économique que des entrepreneurs irresponsables à la recherche effrénée de profits supplémentaires.
Des prix accessibles et une grande qualité sont les deux missions prioritaires réclamées par les français à leur agriculture. Le respect de l'environnement se place en retrait, au troisième rang, mais la nécessité, parfois opposée, d'assurer une production quantitativement suffisante, se place au même niveau. La moitié ne pense pas l'agriculture biologique capable de répondre à l'ensemble des besoins, deux sur trois ne la pensent pas capable de proposer des prix comparables aux prix actuels.