Retour d'alpage festif en Savoie

En ce jour de « démontagnée » et de marché, le son des carrons des tarines et des abondances s'entremêlera aux accords du jazz-band, de la fanfare et des musiques traditionnelles qui animeront les rues de la petite ville savoyarde. Munies de leurs plus belles cloches, plus de 350 vaches, accompagnées de quelques centaines de chèvres et de brebis, défileront à partir de 10 h 30 dans le vieux village.

A midi, les amoureux de la montagne, ainsi que tous les curieux du monde de l'élevage, se retrouveront avec les alpagistes autour d'un repas chaud servi sous chapiteau, sur la place de la gare. Toujours en musique, et avec du beaufort dans les assiettes.

A la Saint-Michel, la « démontagnée » conclut une saison bien remplie, qui a démarré le 24 juin à la Saint-Jean par la montée dans les alpages. Moment fort de l'année, la manifestation offre aux bergers l'occasion de se retrouver dans une ambiance festive. Alors que jusqu'ici le retour des alpages se fêtait en famille et entre amis, des éleveurs de la haute Tarentaise ont ressenti, il y a deux ans, l'envie de partager avec leurs concitoyens un peu de cette vie pastorale qui les fait transhumer deux fois par an.

« La population de Bourg-Saint-Maurice s'est profondément renouvelée », explique Chantal Pin, éleveuse et associée du Gaec des Veys. « En dehors du fromage qu'ils achètent à la coopérative du beaufort AOC , la plupart des 8.000 habitants n'ont pas de liens avec le monde de l'élevage. Les gens ne connaissent pas l'activité pastorale qui nous fait vivre. »

En effet, alors qu'en bas dans la vallée l'urbanisme continue à grignoter les terrains, l'alpage et ses grands espaces permettent d'entretenir les troupeaux une bonne partie de l'année.

Chantal Pin, très impliquée dans l'organisation de la fête, se réjouit à l'avance de cette démontagnée de 2010 : « Quand vous arrivez en ville avec le troupeau, c'est émouvant d'être accueillis par des centaines de personnes. Les gens portent un nouveau regard sur vous. »

La première édition, en 2009, a été couronnée de succès. Chantal et ses collègues souhaitent faire de la manifestation une véritable fête pastorale. « Le comice agricole et les marchés ont disparu, déplorent-ils. Nous aimerions redonner aux éleveurs, et aux gens qui aiment la montagne, l'occasion de se retrouver. Et faire renaître ces échanges si précieux pour nos montagnes. »

par Anne Bréhier

(publié le 22 octobre 2010)