Deux visions d'une agriculture « alternative »

Une autre « modernisation » de l'agriculture était possible après-guerre, et demeure envisageable aujourd'hui. Deux auteurs engagés, Nicolas Hulot et Fabrice Nicolino (1), donnent à voir leur vision de l'agro-écologie.

Dans son « plaidoyer d'un homme libre » publié à la veille de la COP21, Nicolas Hulot invite ses contemporains à « sortir d'un modèle » économique et social « absurde », et même à « l'agonie » en France et ailleurs. L'agriculture n'échappe pas au procès : « découper le monde en grandes zones de monocultures s'avère une aberration lorsque l'énergie devient rare. Faire faire le tour de la planète à nos aliments, à ceux du bétail (..) est un non-sens », dont seules bénéficient « certaines multinationales ». Pour l'auteur, l'agro-écologie peut réconcilier productivité et environnement, et ainsi « reconnecter » agriculteurs et consommateurs.

Journaliste à Charlie Hebdo, Fabrice Nicolino instruit, de manière nettement plus polémique, la disparition d'une paysannerie millénaire, anéantie en quelques décennies par la mécanisation, le remembrement, les engrais et les pesticides. Certes, l'envolée de la production et de la productivité agricoles ont été au rendez-vous, convient l'auteur. Mais à quel prix ? La vision d'un André Pochon n'a pas pesé lourd face au projet porté par un Michel Debatisse, formé lui aussi à la Jeunesse agricole catholique (JAC). « Une autre histoire était possible. Un autre monde reste à construire », assure Fabrice Nicolino. Au lecteur de se forger sa conviction.

(1) « Osons », N. Hulot, 96 pages, éd. les Liens qui Libèrent, 4,90 €

(2) « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agriculture », F. Nicolino, éd. Les Echappés, 128 pages, 13,90 €

B.C.