«Nous sommes en zone vulnérable et le semi-plein air, comme nous le pratiquions n’est plus autorisé, explique Philippe Guillebert de Criquetot-le-Mauconduit (Seine-Maritime), associé en SCEA avec son fils Nicolas. Le bâtiment était incontournable, mais c’était un gros risque de loger près de 300 vaches dans une seule stabulation. J’avais une peur bleue que l’ambiance ne soit pas bonne. Nous avons pris de gros risques ! Si un agent pathogène commence à se développer dans la stabulation, la situation peut vite devenir explosive. » Les deux associés ont mis tous les atouts de leur côté pour organiser une ventilation saine. Et après une année de fonctionnement, le bilan est positif.
Eviter les tourbillons
Aux termes de longues réflexions avec Fabien Canesson, l’ancien conseiller de la chambre d’agriculture, leur choix se porte sur un bâtiment de 36 mètres de large pour une longueur de 108 m. « La circulation de l’air dans ce type de construction pose un problème dans la mesure où les entrées et les sorties sont distantes de plus de 6 à 7 m, précise Thierry Lavenu, conseiller à la chambre d’agriculture. L’air risque de retomber sur le dos des animaux, de créer des tourbillons et, par conséquent, une atmosphère propice au développement des maladies. «Pour résoudre le problème, nous avons opté pour une toiture en écailles, indique Nicolas. Même si la technique est assez nouvelle (1) et les expériences peu nombreuses, cette solution est moins coûteuse que les autres et elle nous plaisait sur le plan esthétique.»
Mais les écailles ne suffisent pas. Encore faut-il que la stabulation soit bien orientée par rapport aux vents dominants. « Ils viennent de l’ouest », assure Nicolas. Le long pan exposé comprend un mur plein de 2 m de haut. Au-dessus un bardage en bois de 19 cm avec un ajourment de 2 cm qui permet à l’air de rentrer. L’autre pan, moins exposé est ouvert. Un talus de 1,5 m permet d’amortir les courants d’air éventuels venant du sud-est. « Pour qu’il soit plus efficace, je prévois d’y planter des arbres. Mais je cherche une essence régionale, qui protègerait le bâtiment du vent sans pour autant le priver de la lumière, confie Nicolas. Pour l’instant, le stockage de la paille installé au sud-ouest, à 20 m du talus, assure une bonne protection contre ces courants d’air. Les deux pignons de la stabulation sont totalement fermés. Résultat : l’ambiance à l’intérieur est bonne.
Des travées de contention
Le confort de travail n’a pas été oublié dans la conception. Tout d’abord pour les vêlages. «Je n’ai pas choisi de cornadis, mais des barres au garrot d’un côté et des barres obliques sur la gauche pour limiter les coûts et tester deux systèmes différents, poursuit Nicolas. Ainsi, je peux sortir une vache par le couloir d’alimentation et la diriger vers l’espace de contention.» Ce dernier comprend deux travées au fond du bâtiment. Un couloir et des box d’isolement ont été aménagés. Ce parc intérieur sert aussi à trier les broutards, du 15 octobre au 15 novembre.
«Nous sommes satisfaits pour l’instant, résume Philippe. Mais nous restons très vigilants quant à la circulation de l’air!»
(1) Voir Toiture en écailles: un coup de pouce à la ventilation naturelle
par Marie-France Malterre (publié le 15 décembre 2006)
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