Publié le mardi 19 mars 2013 - 11h55
Les services vétérinaires et de la Répression des fraudes ont découvert chez Spanghero, entreprise en première ligne dans le scandale de la viande de cheval, 57 tonnes de viande de mouton britannique pourtant interdite d'importation, ont indiqué mardi le procureur de Carcassonne et le ministre délégué à l'Agroalimentaire.
Cette viande a été découverte lors des inspections effectuées à Castelnaudary (Aude) chez Spanghero en février quand l'entreprise s'est retrouvée au cœur du scandale de la viande de cheval dans des lasagnes estampillées au bœuf, a indiqué à l'AFP le procureur de Carcassonne Antoine Leroy, qui confirmait là une information de RTL.
« On n'a pas le droit d'importer en provenance de l'Europe de la viande obtenue dans ces conditions », a expliqué le procureur Antoine Leroy. Le procédé employé et proscrit consiste à racler l'os pour en obtenir de la viande, mais aussi des nerfs ou du muscle, a-t-il dit.
Tous les éléments ont été transmis à la justice, saisie d'une affaire qui s'est étendue à toute l'Europe, a dit à l'AFP le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot.
« Par mesure de prévention, nous avons enjoint à rappeler tous les produits fabriqués à partir de cette viande », des merguez, de la charcuterie, a-t-il dit.
Le parquet de Carcassonne devait se dessaisir de manière imminente en faveur du pôle de santé publique du parquet de Paris qui centralise les investigations.
Spanghero a cependant protesté mardi de sa bonne foi après la découverte de ces 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée.
La société a confirmé la découverte de la marchandise qui est désormais consignée dans un entrepôt frigorifique. Mais cette viande ne correspond pas à la commande qu'avait passée le société, a dit cette dernière dans un communiqué.
Spanghero avait commandé « à son fournisseur du haché d'agneau et reçu de la viande présumée conforme à sa commande », dit-elle. L'importation de viande ovine de la Grande-Bretagne est parfaitement légale, souligne-t-elle.
La viande de mouton britannique prohibée, retrouvée chez Spanghero, a été livrée par Draap Trading, appartenant au trader néerlandais Jan Fasen, déjà incriminé dans le scandale de la viande de cheval, a appris l'AFP auprès du ministère de l'Agriculture.
La viande de mouton incriminée « a été livrée par Draap Trading et facturée comme de “l'agneau haché” avec l'étiquette “viande dénervée d'agneau” '», a indiqué le ministère.
Sur la base de ces documents, Spanghero ne pouvait donc en principe pas savoir qu'il s'agissait de viande découpée avec une technique prohibée dans l'UE.
Depuis 2001 et le scandale de la vache folle, il est interdit par mesure de précaution de séparer mécaniquement dans l'Union européenne la viande sur des petits ruminants, explique le ministère.
Car en raclant l'os, des éclats d'os et de moelle porteurs éventuellement d'infections peuvent se retrouver dans la viande.
Les Etats membres de l'UE ne peuvent donc pas utiliser cette technique sur des animaux européens. En revanche, des pays qui n'ont pas été touchés par la vache folle comme la Nouvelle-Zélande peuvent séparer la viande mécaniquement et l'exporter ensuite sur le continent européen.
L'interprofession du bétail et de la viande (Interbev) s'est dite « choquée » d'apprendre que du mouton prohibé avait été retrouvé chez Spanghero et envisage de se porter partie civile dans le volet judicaire du scandale de la viande de cheval.
« Je suis vraiment choqué d'apprendre » que 57 tonnes du mouton séparé mécaniquement ait été trouvé en France et cette nouvelle information « renforce la position de l'interprofression de se constituer partie civile », a déclaré à l'AFP le président d'Interbev, Dominique Langlois.
« Ces incidents mettent en cause des filières qui font bien leur travail » et « on ne peut pas continuer à vivre avec ces révélations », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, selon M. Langlois, un professionnel peut différencier « à l'œil nu » de la viande traitée mécaniquement car « vous avez de la graisse, de la viande » et la préparation ressemble à une « pâte » différente des morceaux récoltés quand on coupe un muscle.
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