Publié le lundi 07 mars 2011 - 16h01
Défiance des consommateurs, difficultés d'approvisionnement en carburant classique, convocation d'un « sommet de l'essence » : en Allemagne, l'introduction du biocarburant E10 sème la pagaille.
Cette essence sans plomb contenant jusqu'à 10 % de bioéthanol est présente dans les stations-service en Allemagne depuis février.
Depuis son arrivée dans les stations-service allemandes, l'E10 est boudé par les Allemands qui redoutent qu'il nuise à leur moteur.
La fédération allemande de l'automobile VDA assure pourtant que 93 % des voitures à essence tolèrent l'E10.
Mais dans le doute, les automobilistes préfèrent ne pas l'utiliser, explique Tomas Gloos, gérant d'une station-service Aral (groupe BP) à Francfort (ouest).
Parmi ses clients, il y en a bien qui se servent en bioéthanol. « Pas plus de 10 %, estime-t-il, et encore la majorité d'entre eux le font en toute méconnaissance ».
Selon lui, seule une poignée d'automobilistes se sont renseignés pour savoir si leur véhicule était adapté. Marietta Hille est de ceux-là. « Il n'y a eu aucune information en amont », regrette cette quinquagénaire, qui avoue n'avoir aucune préoccupation écologique mais préférer l'E10 en raison de son prix.
A la pompe, vendredi, il coûtait 1,54 euro le litre, contre 1,62 euro pour le Super Plus, équivalent du sans-plomb 98 en France.
Le Super « classique » (ou E5), qui contient jusqu'à 5 % de bioéthanol, est lui quasi absent de la station. « C'est une façon de pousser les clients vers sa nouvelle formule, l'E10 », explique Thomas Gloos.
Sans succès, ce qui entraîne de gros problèmes d'approvisionnement pour les distributeurs. Car ignorant le nouveau carburant « vert », les automobilistes qui jusqu'ici s'approvisionnaient en E5 se sont massivement rabattus sur le Super Plus, provoquant des pénuries.
La station-service de Thomas Gloos a ainsi fonctionné plusieurs jours avec des pompes de Super Plus « presque vides », raconte-t-il.
La fédération allemande de l'industrie pétrolière MWV a annoncé jeudi que les raffineries allaient devoir adapter leur production à la faible demande, faisant craindre à certains un arrêt de la distribution de l'E10 et provoquant l'ire des dirigeants politiques allemands.
Le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, a dénoncé un « cafouillage inacceptable » de l'industrie pétrolière. Le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle, a parlé d'un « problème central de communication » et annoncé la tenue d'un « sommet de l'essence », mardi, pour tenter de changer la donne.
Outre le manque d'information, l'E10 a fort mauvaise presse, notamment auprès des associations écologistes. Elles pointent du doigt son bilan en C02 et le fait qu'accaparer des terres pour les biocarburants au détriment des cultures alimentaires pousse les prix de ces dernières, déjà tendus, à la hausse.
En France, l'E10 a été lancé en 2009, couplé au sans-plomb 95. En 2010, le réseau de distribution du SP95-E10 s'est étendu pour atteindre 2.412 stations, soit près de 20 % des stations contre 15 % en 2009, indiquait récemment la filière du bioéthanol.
Pour autant, à la fin de 2010, le biocarburant ne représentait que 13 % des ventes d'essence dans l'Hexagone, alors qu'il était censé être généralisé.
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