Publié le lundi 14 octobre 2013 - 15h59
La double performance économique et écologique prônée par notre ministre de l'Agriculture est-elle déjà dépassée ? C'est sur la multiperformance – productive, économique, environnementale et sociale – que le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) a demandé à l'Inra de plancher. Le rapport qui lui a été remis lundi doit lui servir d'outil technique de référence pour les travaux à venir dans les prochaines années.
La mission confiée à l'Inra (faisant suite à un appel d'offres lancé en avril 2012) consistait à analyser les perspectives d'évolution des systèmes biologiques d'une part, conventionnels d'autre part, pour maximiser leurs performances productives, économiques, environnementales et sociales.
Pour l'agriculture bio, les performances mises en évidence sur les plans environnemental et social sont supérieures à celles de l'agriculture conventionnelles. L'enjeu consiste surtout à produire davantage et à moindre coût. Les niveaux de prix élevé des produits bio français par rapport aux produits conventionnels, mais aussi par rapport aux produits bio européens, sont en effet un frein à la compétitivité de la filière.
Pour l'agriculture conventionnelle, les performances de plus de 200 pratiques « innovantes », ainsi que de leurs interactions, ont été analysées. Or, l'étude montre qu'il n'y a pas tellement, comme l'on pourrait s'y attendre, d'antagonisme entre les performances productive et environnementale. En revanche, une amélioration simultanée de ces deux performances se fait au prix d'une augmentation de la charge de travail et d'un accroissement des investissements.
Le rapport note que les principales pistes de progrès sont connues : diversification des rotations et des assolements, notamment en introduisant des légumineuses, couverture des sols, sélection génétique, substitution d'engrais de synthèse par des engrais organiques... Il souligne également que la transition des exploitations agricoles se fera en fonction de leurs caractéristiques propres, mais également en fonction des priorités et objectifs de chaque agriculteur. Cette transition est l'affaire d'« au moins une décennie », selon les auteurs, qui estiment que l'effort requis de la part de la puissance publique doit être de même ampleur – voire supérieur – à celui qui a conduit à la révolution agricole d'après-guerre.
Compte tenu du verrouillage en amont et aval du modèle agroalimentaire français centré sur l'agriculture intensive, les efforts doivent porter sur chaque maillon de la filière, et concerner aussi bien la recherche et développement que la construction de nouveaux marchés et la structuration de filières. A l'échelle des agriculteurs, il importe de faire progresser l'offre de conseil et formation, mais aussi, et de façon essentielle, de travailler sur les outils de gestion des risques afin de leur permettre de s'assurer un revenu stable.
La transition de l'agriculture concerne aussi, plus largement, la société dans son ensemble. A ce titre, l'Inra s'interroge sur les conséquences de cette évolution sur les coûts des produits et la régularité des approvisionnements. Car les réponses à ces questions risquent de conditionner l'adhésion des citoyens à cette démarche.
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Note : le CGSP, rattaché au Premier ministre qui arrête son programme de travail annuel, a pour mission de contribuer à définir les grandes orientations des politiques publiques et à fixer les objectifs de moyen et long terme du développement économique, social, culturel et environnemental de la France.
B.L.
mardi 15 octobre 2013 - 08h16
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mardi 15 octobre 2013 - 09h46
Pour être performant il va falloir investir. Je ferai remarquer que cela est devenu impossible compte tenu des sommes qui nous sont soustraites : la pression fiscale, la baisse des aides PAC couplée à la baisse des prix, la confiscation à venir de notre capacité d'épargne pour financer l'augmentation des retraites de nos ainés, alors que c'est à la soliarité nationale de le faire(ces futures cotisations nous prendront ce que nous essayions de mettre de côté péniblement pour compléter notre propre future minable (même très légerement revalorisée à grand bruit) retraite, nous condamnant à crever de faim durant notre vieillesse)