«Il est temps de redonner un élan à la filière viticole, prestigieuse et qui constitue un élément de notre identité nationale, a déclaré Bruno Le Maire, à l'issue d'une réunion avec les principaux représentants de la filière viticole. Avant tout, il faut une meilleure organisation. On ne peut pas continuer avec 26 interprofessions. Il en faut une par région de production qui regroupe tous les vins à indication géographique de la région.»
Lorsque les journalistes lui ont demandé combien il devait rester d'interprofesssions, il a répondu: «10: cela me paraît être un bon chiffre.»
Bruno Le Maire a chargé Jérôme Despey, président du conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer d'une mission sur ce sujet. Ce dernier doit lui remettre d'ici à deux mois les propositions de la filière.
«Si la profession n'est pas en mesure de se réorganiser, nous en tirerons les conclusions lors de l'examen de la loi de modernisation agricole», a prévenu le ministre, laissant clairement entendre que le gouvernement pourrait imposer des regroupements.
Mais selon Bruno Le Maire, cela ne suffira pas à mettre la viticulture en position de regagner des parts de marché.
Il veut la création d'un «fonds pour soutenir le commerce de nos produits à l'étranger» et la recherche viticole. Ce fonds serait «alimenté par la viticulture elle-même», en clair par les cotisations interprofessionnelles. Il ne bénéficiera pas d'argent public.
Le ministre n'a pas donné plus de détails sur le fonctionnement ni sur les attributions du fonds. Là encore, il a chargé Jerôme Despey de lui faire des propositions «dans les semaines à venir car il est urgent de réagir vite».
Cette idée risque de rencontrer bien des réticences car les interprofessions régionales ont toujours voulu mener leurs propres actions de promotion à l'étranger. Mais ces interprofessions se sont déjà accordées pour financer Vin et Société, l'association professionnelle qui défend la place et l'image du vin en France. Pourquoi ne pas mutualiser une partie de leurs moyens à l'exportation?
Bruno Le Maire estime qu'il est aussi temps de moderniser les rapports entre la production et le négoce. «Pour les vins sans indication géographique, il faut que l'on passe à un système où le contrat écrit sera la règle. Je rencontrerai le négoce à ce sujet.»
Et il a promis des mesures concrètes dans la loi de modernisation agricole qui sera discutée au Parlement au début de 2010.
Voilà pour les mesures structurelles annoncées ce matin, sur un ton très directif et volontaire, ce que les participants à la réunion semblent avoir apprécié.
Pour les mesures conjoncturelles, Bruno Le Maire a confirmé aux viticulteurs qu'ils peuvent bénéficier du plan d'aide à l'agriculture annoncé par Nicolas Sarkozy le 27 octobre 2009.
Les responsables professionnels l'ont alerté du fait que le critère de baisse du chiffre d'affaires retenu pour attribuer des prêts de consolidation ne convient pas à la viticulture, en difficulté depuis cinq ans. Le ministre les a assurés que l'Administration étudierait cette question avec pragmatisme.
Pour autant, la filière n'est pas pleinement satisfaite du plan d'aides. Cet après-midi, l'AGPV et la FNSEA ont publié un communiqué demandant «un plan social pour soulager les problèmes financiers des exploitations et permettre aux exploitants les plus en difficulté de bénéficier de mesures de préretraites.»
Visionnez les interviews de : • Bruno Le Maire , ministre de l'agriculture • Jérôme Despey , président du conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer • Xavier de Volontat , président de l'AGPV (Association générale de la production viticole) |