Visionnez les différentes parties du débat "Europe, régulation et agriculture : sortir de la crise et préparer l'après-2013": partie 1 – partie 2 – partie 3 – partie 4 – partie 5 – partie 6 – partie 7 – partie 8 . |
«Ce qui est frappant, c'est que l'on ne sait pas ce que l'on veut pour l'avenir de l'agriculture.» C'est la conclusion tirée par Hervé Guyomard, directeur de recherche à l’Inra, à l'issue d'un débat organisé par l'Association française des journalistes agricoles à Paris le 17 novembre.
A ses côtés, deux personnages et deux visions différentes de l'agriculture: Xavier Beulin, premier vice-président de la FNSEA, et José Bové, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, nouvellement élu député européen et vice-président de la commission agricole du Parlement européen, une instance qui devient décisionnaire dans la mise en oeuvre de la Pac, avec l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne.
Au-delà du constat partagé du nécessaire renforcement des organisations de producteurs dans les filières, les moyens divergent sur la façon d’y parvenir. Le leader des Verts fait davantage confiance à l’Etat. Pour lui, la contractualisation n'est qu'un «asservissement des producteurs à l'agroalimentaire». «La loi doit interdire la vente à perte pour les producteurs comme elle l'a fait pour la grande distribution», estime José Bové. De la même façon, il n'envisage pas de régulation sans une maîtrise de la production, notamment via une instance internationale.
Xavier Beulin ne renie pas le rôle de l'Etat dans la gestion des stocks, mais il revendique la capacité des producteurs à se prendre en charge et notamment en renforçant les outils privés tels que les mécanismes d'assurance et les interprofessions. Pour lui, la contractualisation doit fixer des engagements aux producteurs comme à leurs partenaires commerciaux, en termes de volume, de prix et de qualité.
Et quels que soient les thèmes abordés, les visions des deux hommes divergent: aides flexibles ou non, souveraineté alimentaire, politiques d'exportation, relocalisation des productions, etc. Hervé Guyomard y voit là un grand danger pour les futures négociations européennes.
En 2010, les 27 Etats membres doivent décider du budget pour l'Europe après 2013. En ces temps de crise économique, l'heure n'est pas à l'augmentation du budget européen et à la mutualisation des moyens. Les 27 cherchent plutôt à faire avec le budget actuel. L'agriculture devra se battre pour conserver sa part du gâteau (près de 50% du budget total) car d'autres secteurs, comme la recherche, réclament leur part.
Pour Hervé Guyomard, «il faut une position offensive sur ce que l'on veut». Elle devra tenir compte de la biodiversité, de l'environnement, de l'alimentation... «sinon elle sera balayée par les autres Etats membres», estime l'économiste.
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