Le syndicat des Vignerons indépendants de France (Vif) a demandé vendredi que les autorités de Bruxelles décident d'un cahier des charges « strict » pour favoriser un « vrai vin bio », du raisin à la vinification.
La Commission devait donner lundi le détail de ce que sera, pour la première fois, la réglementation pour la vinification des raisins issus de vignes conduites selon un mode cultural biologique, donnant ainsi officiellement du vin bio.
« L'Europe doit impérativement opter pour une définition stricte du vin bio » avec un étiquetage sur les bouteilles « sans équivoque », selon un communiqué du syndicat des Vignerons indépendants qui regroupe 6.000 adhérents sur les 27.000 vignerons français.
Aujourd'hui pour l'essentiel, les vins dits « bio » sont réalisés à partir de raisins issus de l'agriculture biologique, sans pour autant suivre des contraintes rigoureuses de vinification, souligne Julien Dourgnon, directeur des Vignerons indépendants.
« Choisir la facilité en imposant un cahier des charges laxiste serait dénué de sens et produirait un double abus », indique les communiqué des Vif: « D’abord sur les consommateurs qui veulent un vin bien distinct du vin "conventionnel", ensuite sur les vignerons "bio" qui, par respect pour leur terroir et la matière vivante qu’ils transforment, s’imposent déjà des contraintes rigoureuses à la vinification », détaillent les Vif.
Le syndicat voudrait voir par exemple interdire certaines techniques de vinification, comme la thermovinification, une technique qui consiste à chauffer une cuve durant trois minutes à 73 degrés, ce qui « élimine les levures et les bactéries naturellement présentes dans le moût » de raisin, ou encore la concentration du moût de raisin « qui élimine les acides organiques naturellement présents dans la matière ».
« A l’inverse, revendique le syndicat, l’ajout de moût concentré lui-même issu de l’agriculture biologique [...] devrait être autorisé. »
« Au stade du vin fini, c'est-à-dire dans la bouteille », les Vif estiment « possible », dans certaines conditions, la diminution de « l'ordre de 50% » de la teneur maximale des sulfites. Issus de la combustion du soufre, ces additifs empêchent l'oxydation du vin et ont une action antimicrobienne protectrice sur le vin. En général, ils sont connus de l'opinion pour occasionner des maux de tête, lorsqu'ils sont présents en dose trop importante dans le vin.
« En revanche, précisent les Vif, cette baisse imposée doit impérativement être modulée selon les régions viticoles en fonction des contraintes climatiques (et donc de la qualité sanitaire des raisins) auxquelles le vigneron doit s’adapter. »
Enfin, l'association relève l'« aberration » qui consisterait à avoir en Europe deux vins bio et qui serait « une manière facile de tromper le consommateur incapable de distinguer » le vin dont les raisins sont issus de l'agriculture bio et le vin dont tout le processus est respectueux du bio.
« Il ne peut donc exister qu'un seul vin bio (biologique de bout en bout) et donc qu'une seule étiquette bio », affirme les Vignerons indépendants.