Les vendanges de 2008 s'annoncent encore plus décevantes que l'an dernier en France. Cela s'explique par des conditions météorologiques défavorables et par une diminution de la surface du vignoble faisant suite à des arrachages.
Selon l'office des fruits, des légumes, des vins et de l'horticulture (Viniflhor), la production devrait s'élever à 43,6 millions d'hectolitres (Mhl), soit près de 5% de moins que les 46,54 Mhl récoltés en 2007, une année déjà peu prolifique.
Viniflhor s'était déjà montré pessimiste à la fin de juillet, en prévoyant une récolte pour 2008 de 45,83 millions d'hectolitres. Mais la pluie, le vent, le froid et la grêle qui ont sévi en juillet et août ont incité l'office à réviser à la baisse cette première prévision.
Et pour la qualité du millésime 2008, «une belle arrière-saison reste déterminante», souligne Viniflhor, alors que les vendanges ont déjà démarré à la fin d'août dans le Sud.
Si l'on excepte 2003, l'année de la canicule (47,6 Mhl), la récolte s'établit habituellement entre 53 et 58 millions d'hectolitres chaque année.
En 2008, la France devrait produire 15,45 Mhl de vins de table, soit 8,5% de moins qu'en 2007, 21,64 Mhl de vin d'appellation d'origine contrôlée (AOC) (-6,8%) et 6,58 Mhl de cognac et d'armagnac (2,3%).
Deux facteurs expliquent le ralentissement pour les vins de table et les AOC. «D'une part, il y a le facteur sanitaire et météorologique. D'autre part, l'arrachage des vignes a repris», a indiqué Françoise Brugière, responsable de la division en charge des études de Viniflhor.
«Cela fait trois ans qu'on arrache à peu près 14.000 hectares chaque année, dont 10.000 dans le Languedoc-Roussillon, soit 800.000 hectolitres par an», a-t-elle ajouté.
Les arrachages, instaurés dans les années 1980 par Bruxelles pour lutter contre la surproduction, en échange de primes aux producteurs, se sont accentués en 2005, avec la chute des prix, a précisé Mme Brugière.
Ils concernent plus particulièrement les vins de table, meilleur marché que les vins AOC.
Cette année, les récoltes sont aussi pénalisées par une météorologie peu favorable, qui affecte le rendement. Et comme en 2007, une humidité excessive au printemps et en été a favorisé le développement de maladies, dont le mildiou, qui touche les grappes et les feuilles de vigne.
«Le froid qui s'est installé à la fin de mars a directement impacté certains vignobles», souligne Viniflhor. Du Bordelais à la Provence, le gel a sévi entre le 6 et le 7 avril, à une période critique où les bourgeons sont très vulnérables. Le Pays nantais a également été très sévèrement touché», a ajouté Viniflhor.
Dans les régions plus tardives comme la Champagne, la Bourgogne et l'Alsace, où les vendanges démarrent à partir de la mi-septembre, «les vignes n'étaient pas encore assez avancées pour subir de dégâts» météorologiques, selon l'office.
Le Languedoc-Roussillon, premier producteur de vins de table, devrait être le plus affecté cette année, avec un volume prévu à 13,4 Mhl, soit 7,4% de moins qu'en 2007.
L'Aquitaine (Bordeaux), premier fournisseur de vins AOC, devrait produire 6,4 millions d'hectolitres, dont 6 millions d'AOC (-7,7% par rapport à 2007).
Dans les Charentes en revanche, la récolte de cognac et d'armagnac s'annonce belle, avec 6,4 millions d'hectolitres prévus ( 2,3%).