«Vous allez me dire, c’est mal parti avec ce qui se passe dans la filière laitière…», a déclaré François Fillon mardi, dans un discours au Space, le salon des productions animales à Rennes, alors qu’il venait d’indiquer que son gouvernement veut engager toutes les filières dans l’organisation de la prévention et de la gestion des risques. «Eh bien, non !», a précisé le Premier ministre.
Quelques instants plus tôt, Jean-Michel Lemétayer, président du Space et de la FNSEA, avait pourtant insisté sur le nécessaire renforcement des interprofessions, compte tenu du démantèlement des outils européens de gestion des marchés.
«Les récents soubresauts intervenus dans le domaine laitier en sont une illustration particulièrement évidente, a expliqué le responsable syndical. Ils montrent qu’une clarification de la position du gouvernement français s’impose: comment comprendre le grand écart qu’on peut constater entre les directives de la DGCCRF sur le prix du lait et les orientations préconisées dans le memorandum à Bruxelles?»
Pour le Premier ministre, pas de problème. «C’est bien dans l’interprofession que les familles doivent réfléchir au suivi des marchés, à leur évolution et aux attentes des consommateurs.» Il a demandé à trois ministres de réunir un groupe de travail sur les relations contractuelles entre producteurs et transformateurs et les interprofessions.
«Ma commande est claire: concevoir des accords interprofessionnels propres à fixer les modalités de détermination des prix payés au producteur et à maintenir un niveau de production compatible avec le marché tout en respectant les règles de la concurrence!», a expliqué François Fillon.
Pour lui, le rôle de l’Etat n’est «pas de déréguler: c’est de créer, au contraire, les conditions sécurisées de la contractualisation».
Concernant la gestion et la prévention des risques en général, le Premier ministre a annoncé la mise en place d’une DPA (déduction pour aléas) qui «répondra à une véritable logique d’entreprise». Cette «épargne de précaution» sera adoptée dès cette année. De plus, Michel Barnier a fait inscrire dans le premier pilier de la Pac «notre soutien à l’assurance contre les risques climatiques» qui sera renforcé, a ajouté François Fillon. Enfin, un fonds sanitaire sera créé. Il ne se traduira pas «par un désengagement des pouvoirs publics en cas de catastrophe du type de l'ESB ou de la grippe aviaire».
Concernant les biocarburants, le Premier ministre a déclaré qu’après avoir aidé au démarrage de la première génération, «il faut maintenant progressivement concentrer le système d’incitation fiscale sur les biocarburants de seconde génération, qui constituent pour nous une sécurité».
De son côté, après avoir évoqué la situation difficile des producteurs de viande, Jean-Michel Lemétayer a demandé que «la conférence sur le revenu promise par le ministre de l’Agriculture doit être l’occasion, dans quelques semaines, de corriger ces situations et de prendre en compte la forte hausse des charges en général».