Du boeuf anglais commercialisé par une société nord-irlandaise, Vanstar Meats, a été importé en France par des revendeurs français, de 1996 à 1998, durant l’embargo qui frappait les viandes britanniques en pleine crise de la vache folle, révèle un rapport de gendarmerie que l’AFP a pu consulter.
Ce rapport, transmis à la juge parisienne Marie-Odile Bertella-Geffroy, s’incrit dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la chaîne de restauration Buffalo Grill, soupçonnée d’avoir écoulé sur son réseau de la viande bovine anglaise durant l’embargo.
La France avait été la première à déclencher un embargo sur le boeuf britannique après l’annonce, le 20 mars 1996, de l’émergence d’une forme nouvelle de maladie humaine ayant un lien avec la maladie de la vache folle. Cet embargo s’est poursuivi jusqu’en 2000.
La justice s’est particulièrement intéressée à Buffalo Grill car cette chaîne avait été fréquentée par plusieurs des victimes françaises. Plusieurs bouchers, employés ou ex-employés de sa filiale de découpe de viande, Districoupe, ont affirmé que la chaîne avait importé de la viande anglaise durant l’embargo. Certains ont dit avoir vu des estampilles UK ou des pièces de viande désestampillées, mais sans apporter de preuves.
Ala recherche de ces preuves, des policiers irlandais et français ont perquisitionné en février 2006 le siège de la société Vanstar Meats à Newry (Irlande du Nord) sur commission rogatoire de la juge Bertella-Geffroy.
Cette société avait la particularité d’être implantée de part et d’autre de la frontière entre Irlande du Nord (RU) et République d’Irlande, ce qui aurait pu faciliter le contournement de l’embargo, selon une source proche du dossier. « Des factures saisies à cette occasion prouvent qu’il y a eu une violation manifeste de l’embargo imposé sur les viandes bovines », expliquent les gendarmes dans leur rapport.
« Il y a eu des échanges commerciaux de viande bovine de 1996 à 1998 entre Vanstar Meats et des sociétés françaises dont Raynal Petersen (à Bernay dans l’Eure), un des principaux fournisseurs de la société Districoupe », précisent-ils. Parmi les autres sociétés citées figurent Approval (Rungis), Gaborit (Rungis) et Sinpa (Hyères).
Clive Gilpin, directeur de Vanstar Meats a reconnu que la viande travaillée par son entreprise provenait de République d’Irlande, d’Irlande du Nord et du Royaume uni.
« Cette violation de l’embargo pourrait expliquer la présence d’estampilles UK à Districoupe jusqu’en 1998, comme en ont attesté plusieurs témoins », estiment les gendarmes français.
« Ces investigations n’ont aucunement démontré qu’une viande sous embargo ait pu être livrée à la société Districoupe », conteste Me Nathalie Roret, avocate de Christian Picart, l’ex-patron de Buffalo.
Quatre dirigeants de Buffalo Grill, dont Christian Picart, sont mis en examen dans ce dossier notamment pour « mise en danger de la vie d’autrui.
Buffalo Grill a indiqué vendredi qu’il ne connaissait pas la société Vanstar Meats.