«Encore plus désastreux que le 27 décembre 1999», c’est ce que constatent tous les propriétaires forestiers des Landes après le passage de la tempête. A l’époque, les vents avaient été particulièrement violents au nord de la forêt gasconne (Médoc, sud de la Gironde).
Cette fois-ci, ils se sont acharnés sur la partie la plus large du triangle forestier. Selon les premières évaluations de l’aviation civile, qui survole la zone depuis ce week-end, de 250.000 à 300.000 hectares seraient sinistrés, soit un tiers du massif.
Tous les peuplements sont touchés, pas seulement les vieux pins. A la vue de leurs arbres arrachés, déchiquetés, déracinés, les propriétaires sont au bord des larmes. C’est le cas de Jeannot, 75 ans, retraité agricole: «C’est le travail de toute une vie qui est à terre.»
Jugées trop chères, les garanties dommages qui bénéficient de la couverture tempête sont souvent boudées par les sylviculteurs qui ne peuvent compter aujourd’hui que sur la solidarité nationale ou européenne. Un seul réconfort: le travail de déblaiement sera plus aisé qu’en 1999. D’après le syndicat des entreprises des travaux forestiers, à l’époque on disposait de 99 machines d’abattage. Aujourd’hui, on en a 250.
Le massif forestier aquitain est le plus grand d’Europe, d’une superficie d’environ 1,5 million d’hectares, dont 1 million d'hectares de pins maritimes «cultivés». 30.000 propriétaires se partagent le domaine.
La forêt assure chaque année 200 millions d’euros de chiffre d’affaires aux quelque 5.000 entreprises de travaux forestiers et sylviculteurs qui l’exploitent. Au total, la filière du bois emploie 30.000 personnes pour un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros par an, autant que la filière du vin de Bordeaux.
La loi de 1857 a imposé la colonisation des terres par le pin maritime. Mais aujourd’hui, la lande marécageuse tente de reprendre sa place. En effet, la présence d’arbres terrassés accroît le risque d’inondation.
Et cette fois, la filière ne pourra pas compter sur la demande espagnole comme en 1999. De l’autre côté de la frontière, les industries du bois sont touchées par la crise financière. La seule solution de repli est l’aspersion que les professionnels prédisent plus longue et plus importante que lors de la précédente tempête.