Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a souhaité vendredi que soit prise en compte «la situation particulière» des agriculteurs quant à la taxe carbone alors que plusieurs syndicats agricoles se sont déjà positionnés contre cette taxe qui constituerait une nouvelle charge pour les exploitations.
Interrogé sur France 2, Bruno Le Maire a déclaré qu'il était favorable à une «fiscalité verte [...] pour changer le comportement des Français» mais qu'«évidemment», en tant que ministre de l'Agriculture, il souhaitait «que l'on prenne en compte la situation particulière des agriculteurs».
«Je pense aux horticulteurs ou aux serristes (producteurs de fruits et légumes sous serres) qui ont une consommation d'énergie élevée» et pour qui la taxe CO2 aura «un effet très lourd», a-t-il déclaré.
Le ministre de l'Agriculture a aussi évoqué la situation des pêcheurs: «Avec un chalutier, la taxe carbone coûterait de 15.000 à 20.000 euros par an, soit plus de 1.000 euros par mois.»
«Je pense qu'il faut prendre cela en compte», a ajouté le ministre, qui participera vendredi à la réunion interministérielle en présence du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy.
Alors que le secteur agricole connaît une grave crise en raison de la baisse des prix, Jean-Michel Lemétayer a déclaré mercredi que la FNSEA est «contre» la taxe carbone qui «chargera la barque de la profession».
William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs a également affirmé son opposition au principe de la taxe carbone, projetée par le gouvernement. «Nous préférons que soit réalisé un bilan carbone car sur ce point, la ferme France n'a pas à rougir, a-t-il signalé. Taxer les agriculteurs, c'est les rendre moins compétitifs, surtout en l'absence d'harmonisation européenne.»
La Coordination rurale a quant à elle dénoncé une approche «simpliste» du problème des émissions de CO2 et rappelle que «l’agriculture est un domaine à traiter de manière particulière dans le cadre de la réflexion actuelle sur la taxe carbone».
La taxe carbone, ou «contribution climat énergie», que le gouvernement souhaite appliquer dès 2010, vise à inciter entreprises, administrations et particuliers à consommer moins d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), notamment dans les transports et le chauffage, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.