La sortie d'index des taureaux laitiers de juin 2009 présente une nouveauté à laquelle il faudra s'habituer: 152 nouveaux taureaux n'ont encore aucune fille et 80% d'entre eux ont moins de deux ans et demi. Ce sont les taureaux «Sam» (pour «sélection assistée par marqueurs»), dont les index ont été déterminés par génotypage.
La Sam s'appuie sur la détection de régions du génome responsables d'une partie de la variabilité génétique d'un caractère (production, taux, longévité, cellules...). La valeur génétique d'un reproducteur peut désormais être connue dès sa naissance (en fait dès sa conception) en le génotypant. Dès lors, il n'est plus nécessaire de connaître les performances de l'animal ou de ses descendants.
Parmi ces 152 taureaux, 137 sont en race prim'holstein, 12 en normande et 3 en montbéliarde. Les index Sam seront désormais publiés au même rythme que les index «classiques», à raison de trois sorties par an. A ce jour, 15 caractères sont indexés, et ils devraient prochainement monter à 25.
Le président de France Génétique Elevage, Jean-Pierre Mourocq, ainsi que des chercheurs et des ingénieurs de l'Inra, de l'Unceia et de l'Institut de l'élevage, Vincent Ducrocq, Laurent Journaux, Sophie Mattalia, se sont félicités lors d'une conférence de presse, jeudi 18 juin, de ce «saut technologique majeur». Les principales conséquences visibles sont la diminution de l'intervalle entre générations et la fin annoncée du testage (en fait, le testage sur descendance servirait à confirmer ou infirmer les index Sam).
Sur le terrain, Gènes Diffusion a déjà commencé à diffuser ces semences, à des tarifs relativement intéressants (de 13 à 15 € la dose). L'association des éleveurs de race prim'holstein appelle à la prudence: elle conseille de limiter à 20-25% du total les IA avec de la semence de taureaux Sam. Elle rappelle que la Sam «n'est pas une science exacte, et qu'il existe des risques de variation». Le CD (coefficient de détermination) est une donnée fondamentale.
En montbéliarde, le choix est à la prudence, avec une commercialisation de taureaux dont le CD est d'au moins 90, et une diffusion limitée à 3.000 doses par taureau pour conserver la variabilité génétique et limiter les risques.
La technique n'en est qu'à ses débuts. «La Sam couvre actuellement de 50 à 60% de la variabilité génétique des caractères sélectionnés. La technique est encore à affiner pour prendre en compte les 40 à 50% restants», estime Vincent Ducrocq, de l'Inra.
Les progrès sont extrêmement rapides: les chercheurs estiment qu'il existera une cartographie fine du génome dans les cinq années qui viennent, et qu'il sera possible pour un éleveur de génotyper toutes les vaches de son troupeau d'ici à la fin de 2010. Il est également nécessaire d'aller plus loin dans la technique de génotypage pour les petites races laitières et les races allaitantes, qui possèdent une faible population de référence. La prochaine race qui passera à la moulinette de la Sam sera une race ovine, la lacaune.
Au niveau international, la France est le troisième pays à publier des index officiels utilisant des informations génomiques, après les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande. Mais d'autres utilisent déjà des index génomiques en interne. Interbull devrait proposer à la fin d'août une méthode permettant de garantir la validité des résultats annoncés et d'homologuer les calculs d'index.
Notre dossier:
Génétique animale: les taureaux génomiques arrivent en ferme