Promouvoir les programmes de protection sociale, en particulier au bénéfice des femmes, contribue à réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire dans les zones les plus touchées, estime l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans son rapport annuel sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture présenté le 13 octobre à Rome.
Bien que de nombreux pays aient accompli de grands progrès en matière de réduction de la pauvreté ces dernières décennies, en particulier en Asie de l'Est et du Sud et dans le Pacifique, d'autres régions comme l'Afrique subsaharienne restent confrontées à une « pauvreté tenace ». Au total, environ 795 millions de personnes continuent à souffrir de la faim dans le monde et près d'un milliard de personnes vivent en situation d'extrême pauvreté, pour la plupart dans les zones rurales, souligne la FAO dans ce rapport annuel.
Pour venir à bout de l'« engrenage fatal de la faim, de l'alimentation pauvre au plan nutritionnel, de la maladie, de la faible productivité et de la pauvreté », la FAO recommande un plus grand recours à la protection sociale, sous la forme d'aide sociale, d'assurance sociale ou de programmes visant le marché du travail.
« Dans les pays en développement, le succès des programmes de grande ampleur qui aident les pauvres et les personnes vulnérables, notamment au Brésil, en Ethiopie, en Inde et au Mexique, a suscité une réévaluation de l'importance et du rôle de ces programmes dans la lutte contre la pauvreté et la faim, ainsi que contre les inégalités », relève le rapport. Ce type d'aides a ainsi permis à 150 millions de personnes d'échapper à la pauvreté extrême - vivre avec moins de 1,25 dollar par jour - en 2013, souligne l'organisation.
« Femmes et hommes ne font pas le même usage des aides »
Contrairement à l'aide d'urgence, qui intervient après une catastrophe, essentiellement à court terme, et provient souvent de l'extérieur, les programmes d'assurance sociale « sont généralement financés par les contributions des employés, des employeurs et de l'Etat » : ils « protègent des imprévus liés à la vie, à l'emploi et à la santé ». A ce titre, les programmes de protection sociale « réduisent la pauvreté et l'insécurité alimentaire », à condition toutefois d'être ciblés avec soin, souligne la FAO.
L'organisation onusienne basée à Rome note ainsi que ceux visant les femmes « ont un impact plus fort en matière de sécurité alimentaire et de nutrition ». Un décalage qui tient au fait que « les femmes et les hommes ne font pas le même usage des aides ».
Associer agriculture et protection sociale
La protection sociale offre l'avantage de « ne pas amoindrir l'effort de travail » des bénéficiaires parce qu'elle vise à « renforcer les moyens de subsistance et non à accentuer la dépendance », assure le rapport. Elle a aussi « des effets positifs sur les communautés et l'économie au niveau local, assure le rapport. Les programmes de travaux publics peuvent créer des infrastructures et des ressources collectives importantes et, s'ils sont conçus et mis en œuvre convenablement, ils peuvent contribuer directement à l'économie locale », relève-t-il.
La FAO prévient toutefois que « la protection sociale n'est pas en soi suffisante pour extraire les personnes de la pauvreté ». « Les ménages pauvres se heurtent le plus souvent à de multiples contraintes et risques. C'est pourquoi on a intérêt à miser sur des programmes conjoints, coordonnés et/ou menés de front dans les domaines de la protection sociale et de l'agriculture », conclut la FAO.