Selon les comptes de l’agriculture publiés mardi 18 décembre, le revenu net d'entreprise agricole par actif non salarié progresserait, hors inflation, de 12% en 2007 après une hausse de 16% en 2006. Tous secteurs de production confondus, le revenu moyen de 2007 serait de 24.300 euros. Pour les exploitations dites «professionnelles», la hausse serait de 11%. Ce résultat s'explique par la flambée des prix des céréales, oléagineux et protéagineux qui tirent les revenus des grandes cultures. Mais cette hausse a des répercussions sur les prix des aliments pour animaux et influe à la baisse sur le revenu des éleveurs.
Grandes cultures
Les cours mondiaux des céréales (blé, orge, maïs) se sont envolés pendant l'année 2007 et enregistrent une hausse moyenne de 55%. La conjoncture bénéficie également aux cours des protéagineux (+50%) et des oléagineux (+36%). Ces niveaux de prix inversent la tendance à la baisse enregistrée jusqu'en 2005. Ils compensent des volumes en baisse de 3,7% par rapport à 2006. Dans le même temps, la facture des intrants (engrais, semences et phytos) augmente de 5%.
Au final, les producteurs spécialisés en céréales, oléagineux et protéagineux (COP) voient leur revenu doubler entre 2006 et 2007 et atteindre un niveau historique. Les autres exploitations de grandes cultures affichent une hausse plus modérée (+16%), qui leur permet de retrouver le niveau de revenu de 1998. En effet, la production de betteraves industrielles augmente de 6% avec de meilleurs rendements, mais leur prix baisse (-9%). Celui de la pomme de terre s’effondre (-20%).
Elevage
Du côté des éleveurs de bétail, l'envolée des cours des céréales se traduit par des coûts supplémentaires. Les charges d’approvisionnement grimpent de 9%, tirées par le prix des aliments (+15%). La production de gros bovins se maintient (+1%) mais les cours baissent (-4%). A l'inverse, les prix du veau continuent leur progression (+4%) mais la production recule de 5%. Les éleveurs de bovins viande sont plus touchés avec un revenu en baisse de 23%, qui retourne à son niveau de 2001. Cette baisse vient contrecarrer la tendance de fond qui montrait une amélioration du revenu depuis 1991 pour les élevages bovins. Pour les éleveurs laitiers, la baisse de revenu est contenue (-4%) avec la hausse du prix du lait (+6% hors subvention), qui remonte après cinq années de baisse. Le troupeau laitier diminue ainsi que la collecte de lait. En fait, le revenu des producteurs de lait poursuit sa baisse depuis 2004 (hors inflation).
La situation est plus délicate pour le secteur des ovins: le revenu s'effondre de 28%. Hors inflation, il est à son plus bas niveau depuis 1990 et fait oublier l’amélioration de 2006. L’élevage ovin, avec des volumes en baisse et un prix moyen stable, n’a pas pu compenser la hausse du prix des aliments.
En moyenne, le revenu des élevages hors sol chute de 59%, avec une situation contrastée. D’un côté, l’élevage porcin peine à écouler sa production et subit de plein fouet la baisse des cours (-10%) et l’augmentation des charges d’approvisionnement (+14%). En revanche, en aviculture la conjoncture est plus favorable: si la facture alimentaire est aussi lourde, elle est compensée par une augmentation des volumes (+4%) et des prix (+8%). Les revenus de l’élevage hors sol sont très cycliques et la baisse enregistrée ramène le revenu à un point bas, proche de celui de 2002.
Maraîchage, arboriculture, viticulture
Même constat difficile pour le maraîchage et l’horticulture, confrontés à la plus forte chute de revenu depuis 17 ans. Celui-ci chute de 55%, avec des situations très variables selon les productions. Les légumes d’été sont les plus touchés.
Mauvaise année pour les exploitations d'arboriculture fruitière, dont le revenu chute de 35% après la forte hausse de 2006. L’année 2007 conjugue de faibles récoltes (à l’exception des pommes, avec +4% en volume) et des prix en baisse (sauf pour les cerises et les abricots). Globalement, le revenu du secteur présente une baisse moyenne annuelle de 7% depuis 2002.
Enfin, le revenu moyen en viticulture enregistre un mieux après des années difficiles. La hausse est de 21% pour les producteurs de vins d'appellation et de 12% pour les autres vins, mais ne suffit pas à retrouver le niveau de 1990. Ces moyennes cachent de grandes disparités selon les régions. Les vins du Languedoc et le Cognac s'en tirent le mieux.