«La stagnation des rendements en blé et en colza est une réalité», a lancé Gilles Charmet, chercheur à l'Inra de Clermont-Ferrand, lors d'un colloque organisé par l'institut de recherche, le 24 février au Salon de l'agriculture à Paris.
Après un fort accroissement entre 1950 et 1980 (on est passé de 20 à 70 q/ha pour le blé), la progression semble s'être ralentie au point de devenir quasi nulle depuis 1996 en moyenne. C'est vrai aussi pour le colza, mais moins pour l'orge d'hiver. Pour le maïs, les rendements fléchissent.
Cette tendance se vérifie dans la plupart des pays européens avec, semble-t-il, une stagnation plus précoce dans les pays du Sud comme l'Espagne et l'Italie. Mais tous les spécialistes s'accordent à dire que cette stabilisation n'est pas liée au ralentissement du progrès génétique.
Au contraire, celui-ci connaît une progression constante de 0,9 à 1 q/ha/an en blé, après correction de l'effet «année».
Alors, à qui la faute? Pas à l'évolution des pratiques culturales, selon Philippe Gate, écophysiologiste à Arvalis. La légère régression des quantités d'azote et la baisse de 2,5% par an, depuis dix ans, de l'indice de fréquence de traitement ont un impact marginal sur cet essoufflement.
En revanche, «certaines conditions climatiques comme la sécheresse en cours de montaison et de remplissage, et l'échaudage thermique ont une forte influence sur le plafonnement et la variabilité interannuelle des rendements».
L'incidence négative du climat s'est accrue au cours des vingt dernières années. Pour remédier à ce constat, Phlippe Gate estime que «les stratégies d'esquive et l'adaptation génétique sont des axes à privilégier».
Pas d'effet de la Pac Pour Jean-Pierre Butault, économiste à l'Inra-AgroParistech, la réforme de la Pac en 1992 n'a pas eu d'effet sur la stagnation des rendements et donc les gains de productivité des exploitations. La désintensification a été toute relative malgré la hausse du prix des intrants. |