L'Union européenne est moins à l'abri de la hausse des cours internationaux des denrées agricoles depuis la réforme de la Pac de 2003 et les modifications qui ont eu lieu depuis, a observé jeudi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
Il a relevé que la forte hausse des cours internationaux des matières premières depuis 2006 ne s'était pas accompagnée d'une augmentation aussi importante des prix des produits alimentaires dans la zone de l'euro.
Cette moindre progression des prix alimentaires est due «d'une part à la part relativement faible des importations dans les produits agricoles consommés dans la zone de l'euro» et d'autre part à la Pac, a estimé le gouverneur de la Banque de France lors d'une conférence sur la sécurité alimentaire à Paris.
«Néanmoins, il semblerait que les modifications de la Pac depuis 2003 aient accru la sensibilité des prix alimentaires dans la zone de l'euro aux prix internationaux», a-t-il dit.
L'UE a adopté en novembre dernier un réaménagement de sa politique agricole commune (bilan de santé), qui amplifie le mouvement d'inspiration libérale lancé avec la réforme de 2003, en attendant la renégociation en 2013 du budget de la Pac.
L'inflation dans la zone de l'euro a été alimentée l'an dernier par des hausses de cours des matières premières, dues à une production insuffisante pour répondre à une demande mondiale croissante et à la spéculation, avant que la crise n'entraîne une baisse des cours mondiaux.
La Banque centrale européenne «a adopté une attitude de prudence», surveillant «de très près l'évolution du cours de matières premières, mais également leurs éventuels effets de second tour», c'est-à-dire une augmentation générale des prix et des salaires, qui n'ont «jusqu'à présent pas été observés dans la zone de l'euro», a-t-il dit.
Selon lui, la BCE doit «conserver cette vigilance», pour «pouvoir détecter au plus vite toute hausse persistante des prix des biens alimentaires» qui pourrait générer une spirale inflationniste.