Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA et du Space, a été vivement interpellé, mardi en début d'après-midi, au salon à Rennes, par des membres de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants), de l'OPL (Organisation des producteurs lait, affiliée à la Coordination rurale) et de la Confédération paysanne, au sujet de la crise laitière.
Les manifestants brandissaient des cartons rouges et scandaient «Jean-Michel, démission!».
Un peu plus tôt, Luc Guyau, président de l'APCA (chambres d'agriculture), a été interpellé de la même façon.
Protégé par les forces de l'ordre, Jean-Michel Lemétayer est rentré dans un bureau et a proposé de rencontrer quelques manifestants.
Gilles Guillou, membre de l'Apli et producteur de lait dans les Côtes-d'Armor, a indiqué que jeudi matin Jean-Michel Lemétayer «rencontrera nos représentants au sujet de notre projet EMB. Il sera d'accord ou pas avec ce projet mais il a accepté d'en discuter». La grève continue, a-t-il indiqué aux manifestants, leur demandant de rester calme
De son côté, Bernard Lannes, trésorier de la Coordination rurale, a affirmé: «Nous avons demandé à Jean-Michel Lemétayer de se positionner clairement par rapport à la grève. Si La FNSEA lance un appel unitaire à la grève, il y en a pour des jours. L'industrie sera sur les genoux. Pour l'instant, Jean-Michel Lemétayer laisse pourrir la situation. Il joue le côté de l'agroalimentaire. Nous lui demandons de revenir aux côté des paysans.»
Quelques instants plus tard Jean-Michel Lemétayer a confirmé à la presse qu'une rencontre aura bien lieu jeudi avec des représentants de l'Apli et des autres organisations, sous l'autorité du préfet.
«Le vrai sujet est de savoir comment on va sortir les producteurs de la crise. Il faut des mesures pour soutenir le revenu des éleveurs», a-t-il affirmé.
Interrogé pour savoir ce qui pourrait, selon lui, faire bouger les lignes au niveau européen, le président de la FNSEA a répondu: «Ce n'est pas la grève du lait. Pour cela il faut qu'une majorité des pays européens changent de position. Le premier combat à mener est que la politique européenne ne soit pas aussi libérale. La position très libérale de l'Europe est un jeu de massacre pour les producteurs. La dérégulation mène à la catastrophe.»
«Je respecte les producteurs qui estiment que la grève est un moyen pour se faire entendre», a ajouté Jean-Michel Lemétayer.
Un peu plus tard le président de la FNSEA est sorti protégé par les forces de l'ordre, sous les huées des manifestants.
Le ministre l'Agriculture, Bruno Le Maire, est arrivé au salon vers 15 h 00, sous les huées des manifestants criant «Lemétayer démission !». Sous la protection des forces de l'ordre, il a été dirigé vers les bureaux du commissariat général.. Jean-Michel Lemétayer, président du Space, n'était pas présent pour l'accueillir.
Une trentaine de tracteurs s'étaient rassemblés à l'extérieur du salon en début de matinée, surveillés par des dizaines de gendarmes, dont certains en tenue de maintien de l'ordre.
L'un des éleveurs présents a vidé un réservoir de lait sur la chaussée. «Marché régulé, lait bien payé», affirmait une pancarte des manifestants.
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