La Confédération paysanne de Bretagne a pris la décision politique de déposer un recours devant le Conseil d'Etat contre la décision prise par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en mai dernier, et visant à déclarer illégale la recommandation nationale d'évolution du prix du lait diffusée par l'interprofession laitière (Cniel).
«Nous sommes en train de rassembler les éléments nécessaires à l'écriture de notre argumentaire pour déposer ce recours», assure Jean Cabaret, porte-parole de l'organisation syndicale.
Le syndicat ne partage pas l'argument de la DGCCRF selon lequel le dispositif du Cniel serait une entente illicite sur les prix. «Nous pouvons trouver plein d'exemples de ce genre, poursuit Jean Cabaret. La recommandation d'évolution du Smic est-elle une entente illicite? Et le Marché du porc breton qui sert à fixer le prix des porcs à l'échelle nationale à partir de quelques milliers d'animaux vendus chaque semaine? Nous avons de quoi fournir du travail à la DGCCRF à longueur d'année si nous voulons!»
La Confédération paysanne s'interroge sur les motivations de la DGCCRF. Elle se demande si elle a agi sous la pression des pouvoirs publics confrontés à la hausse des prix à la consommation. Elle souhaite aussi attaquer la décision de Bercy parce que «nous sommes attachés à l'unicité du prix, insiste Jean Cabaret. Nous ne pouvons pas tolérer que les éleveurs ne soient pas payés le même prix. Avec la décision d'Entremont, c'est la première fois depuis dix ans qu'il y a un tel écart de prix entre producteurs».
Le syndicat soupçonne les industriels de s'accomoder de la situation. «Nous sommes les premiers à nous étonner que le Cniel accepte cette décision sans sourciller. Les industriels y tiennent les cordons de la bourse, et je les soupçonne d'être favorables à ce revirement de la DGCCRF. Et aujourd'hui, lorsque Entremont nous parle de contractualisation, nous répondons qu'elle existe déjà. Ce sont les quotas!»