Dans beaucoup de départements méridionaux, les premiers chantiers de récolte ont débuté la semaine passée. Quelques bennes ont même été livrées plus au nord (Centre, Champagne, Bourgogne...), mais cela reste pour l’instant plus anecdotique. Les pluies ont rapidement stoppé l’avancement des travaux.
Dans bon nombre de cas, l’avance de deux semaines obtenue durant la campagne n’est plus d’actualité. Le cumul des averses a en effet par endroit atteint depuis la fin d'avril et le début de mai près de 300 mm dans le Gers, mais aussi plus de 200 mm en Charente-Maritime, par exemple. Les cultures ont par ailleurs souffert de verse empêchant une bonne alimentation des grains.
Ces conditions climatiques ont également favorisé les attaques des maladies. Or, beaucoup d’agriculteurs ont limité leurs interventions puisque les années précédentes le retour sur investissement des traitements fongicides n’était pas toujours satisfaisant, le climat étant plus sec…
Les premiers résultats s’en ressentent. Jusqu’à présent, les orges d’hiver récoltées, loin d’être représentatives de la globalité de la collecte, présentent des rendements pour le moins décevants et des poids spécifiques plus faibles que d’habitude (en moyenne 60 kg/hl). Pluie, verse, helminthosporiose et grillures polliniques ont eu raison des premières orges moissonnées qui avoisinent difficilement les 50 quintaux par hectare. Faute d’une protection suffisante à l’automne, la jaunisse nanisante a aussi fait de gros dégâts, comme dans l’Yonne où les rendements frôlent dans ce cas les 20 q/ha.
Les colzas ont, pour leur part, subi de plein fouet les attaques d’oïdium en fin de cycle, diminuant ainsi leur poids de mille grains. Ainsi, dans le Tarn-et-Garonne, les rendements oscillent entre 20 et 25 quintaux par hectare alors qu’en 2006, la moyenne était de 30 q/ha. Dans le nord-est de l’Hexagone, le Cetiom indique que les récoltes débutent à peine. De fortes attaques de sclérotinia et des dégâts d’insectes, entre autres de charançon de la tige, ont aussi été observés. La grêle a par endroit causé des pertes.
La déception est perceptible concernant les pois qui ont été fortement pénalisés. «Les passages successifs de pluies n’ont permis de récolter qu’une partie des pois d’hiver depuis le 10 juin, d’environ un tiers dans le Sud-Ouest et dans l’Est», constate l’Unip, qui ajoute également que «les chantiers de récolte sont souvent rendus difficiles par la verse. Les pois de printemps semés en décembre dans le Sud et l’Ouest y ont mieux résisté».
En Haute-Garonne, les premiers chiffres oscillent entre 10 et 20 q/ha et certaines graines, mûres depuis près de quinze jours, germent d’ores et déjà au champs.