Michel Barnier n’aura pas mis longtemps pour se glisser dans les habits neufs de ministre de l’Agriculture. Alors qu’il devait faire un passage express au congrès des Jeunes Agriculteurs avant de filer à Bruxelles, c’est finalement un discours de près d’une heure que ce dernier a prononcé.
Très à l’aise, s’éloignant souvent de son texte pour parler sans notes, le ministre a tracé des grandes lignes vis-à-vis des échéances qui arrivent, pris des engagements et annoncé quelques mesures.
«Je pense et vous m’entendrez souvent le redire que l’agriculture et la pêche ne sont pas des activités dépassées et du passé mais qu’elles sont au cœur des défis de demain, de la croissance et de l’emploi» a-t-il lancé d’entrée de jeu. A Bruxelles, «je serai un ministre qui tiendra sa place et je ne la laisserai pas occupée par les fonctionnaires».
Il a martelé la nécessité d’un nouveau traité institutionnel européen. «Cette boîte à outils est fondamentale. Il n’y aura pas de politique européenne si les institutions sont faibles et ne fonctionnent pas. Ceux qui veulent les détruire, on les connaît, ce sont ceux qui voient l’Europe comme un grand supermarché.»
Dans un moment assez solennel, où chacun aura senti que le ministre parlait avec ses tripes, il a précisé que le choix n’était pas entre la France et l’Europe mais qu’elles allaient ensemble. Sinon, c’est la perspective d’une Europe sous influence et sous-traitante de l’Amérique ou de la Chine qui nous pend au nez. «Je ne me résoudrai jamais à ce que mon pays soit sous influence et sous-traitante», a-t-il affirmé.
Ses propos ont également été fermes concernant les négociations internationales en cours, rappelant que la France ne négocierait que sur une base de réciprocité: «Une France ouverte n’est pas une France offerte, et il n’y aura pas de naïveté à cet égard. L’agriculture n’est pas qu’une question agricole, c’est une question de société, a-t-il prévenu, appelant à défendre ce que nous sommes et ce qu’une grande partie de l’Europe est.»
Il a expliqué qu’il faisait sienne l’idée lancée par Christine Lagarde d’Etats généraux ou d’assises de l’agriculture pour préparer notamment le bilan de santé de 2008 de la Pac.
Parlant du défi environnemental à relever, il a indiqué que cela se ferait avec les agriculteurs et non contre eux. «L’écologie, c’est beaucoup plus important que les écologistes et beaucoup plus grave», a-t-il ironisé. Il a promis d’aider les organisations agricoles à prendre leur place au sein du Grenelle de l’environnement qui approche.
Le ministre a indiqué que le nouveau PDRH (plan de développement rural hexagonal) avait été approuvé à l’unanimité hier à Bruxelles par les Etats membres.
Michel Barnier a tendu une perche en direction des agriculteurs à propos de la TVA sociale: «Ce débat sera ouvert sans tarder. Je ne vois pas pourquoi vous ne prendriez pas votre part à cette expérimentation. Vous avez pas mal à gagner à en être partie prenante.»
Concernant le financement du parcours à l’installation, «Dominique Bussereau s’était engagé à ce que les crédits soient en phase avec le nombre de prétendants, je tiendrai cet engagement», a-t-il lancé. Dans le cadre du projet de loi sur la Sécurité sociale, il a indiqué qu’il proposerait une modification de l’assiette forfaitaire pour les nouveaux installés.
Le ministre a annoncé qu’il s’attacherait, en liaison avec François Fillon, à ce que le dispositif de remboursement partiel de la TIPP sur le fioul soit maintenu.
Michel Barnier a reconnu que le ministère traversait beaucoup de difficultés budgétaires en raison de beaucoup de crises non provisionnées. «Je le dis parce que c’est la vérité. On verra cela avec Mme Lagarde, qui n’oubliera pas ces difficultés parce qu’elle vient de les quitter !».