«L’augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires rend d’autant plus urgent de poursuivre la réforme des politiques agricoles provoquant des distorsions sur les marchés.» Telle est la conclusion d'un rapport publié jeudi par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Cette étude montre que les politiques en vigueur limitent la capacité des agriculteurs à tenir compte des signaux donnés par le marché, à être plus compétitifs et innovants, et par là même à contribuer à améliorer la situation alimentaire mondiale.
En 2007, le soutien accordé par les pouvoirs publics aux agriculteurs des pays membres de l'OCDE s’est élevé à 258 milliards de dollars, soit 23% du total des recettes agricoles contre 26% en 2006.
C'est le chiffre le plus bas qu’ait enregistré l’OCDE depuis 1986, année où elle a commencé à effectuer des estimations. La baisse récente s’explique essentiellement par la hausse des prix des produits agricoles. En effet, les cours mondiaux étant plus élevés, le montant des soutiens nécessaires pour relever les prix a diminué.
L’OCDE appelle les gouvernements «à saisir l’opportunité qu’offre cette augmentation des revenus agricoles pour démanteler les mesures faussant le plus les échanges». «Non seulement ces mesures se sont révélées moins efficaces que des mesures ciblées pour remédier au problème des revenus agricoles, mais elles ont en outre créé des iniquités dans la répartition des aides et contribué aux dommages environnementaux générés par l’agriculture».
En revanche, le rapport se félicite des efforts actuellement déployés pour réduire les liens entre soutien public et production agricole, évolution qui permettra de mieux équilibrer l’offre et la demande sur les marchés.
Autre signe de l’évolution actuelle des politiques agricoles: quelque 30% du soutien est désormais assorti de diverses contraintes sur l’utilisation d’intrants, l’adoption de pratiques de production spécifiques ou d’autres critères environnementaux et sociaux.
«Bien que cette part soit en progression, on peut encore améliorer l’efficience et l’équité des politiques agricoles en veillant à ce que le soutien accordé serve à la réalisation d’objectifs précis», préconise le rapport.
Il est plus que jamais important que les gouvernements ne cèdent pas à la tentation de renforcer les restrictions commerciales, que ce soit à l’importation ou à l’exportation, poursuit-il. «Ces mesures ne font qu’aggraver l’instabilité et les incertitudes sur les prix car elles limitent les possibilités d’ajustement des marchés mondiaux des produits de base.»