«Pour la Commission européenne, le bilan de santé constitue de petits ajustements par rapport à la réforme de 2003. Je ne le pense pas. J'accuse la Commission de démanteler la Pac. Sa proposition est libérale et d'une grande insensibilité sociale», a déclaré Luis Manuel Capoulas Santos (socialiste, Portugal), rapporteur du bilan de santé de la Pac au Parlement européen. Il intervenait dans un débat organisé jeudi à Bruxelles, dans le cadre du congrès de l'Afja (Association française des journalistes agricoles).
Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA et du Copa (organisations agricoles européennes), estime lui aussi que le bilan de santé ne constitue pas qu'un simple ajustement. «Avec la suppression des quotas laitiers, on va au bout de la logique engagée, notamment depuis 2003, de la suppression des mécanismes de gestion des marchés», a-t-il déclaré.
Pour Pierre Bascou, chef du service économique de la Commission européenne, le bilan de santé «conserve et prolonge la Pac avec les mêmes objectifs qu'en 2003» Selon lui, il ne s'agit pas d'une fuite en avant dans un système libéral mais de «laisser la possibilité aux agriculteurs de réagir aux signaux du marché. Une politique qui consacre plus de 50 milliards d'euros à un secteur économique n'est pas libérale».
Une politique ouverte sur les marchés «nous permettra d'être présents sur celui des grandes cultures», a estimé Jean Michel Lemétayer, «mais nous rendra progressivement dépendants dans certains secteurs fragiles, notamment celui de la viande bovine».
Pour Marie-Hélène Aubert, eurodéputée (Verts, France), l'UE ne choisit pas un modèle d'agriculture durable pour l'avenir. Elle «poursuit deux objectifs contradictoires: ouvrir de plus en plus les marchés et avoir une agriculture tenant compte de l'environnement, de l'emploi et de la diversité des terroires. La Pac résiste très mal au grand mouvement de l'OMC».