La Coordination rurale (CR) estime, dans un communiqué du 31 juillet, qu'un rapport rendu public au printemps par le Cnasea sur les installations non aidées lui donne raison dans ses attaques contre la suradministration de la politique d'installation défendue par le syndicalisme majoritaire.
La CR met en garde contre la redéfinition du parcours à l'installation menée actuellement à titre expérimental dans quelques départements. Redéfinition qui ne simplifie pas les procédures et risque «de détourner encore plus de jeunes du parcours aidé», estime la CR.
Dans ce rapport, le Cnasea faisait ressortir que deux installations sur trois ne bénéficient aujourd'hui d'aucune aide. Et qu'elles ne s'en portent pas plus mal. Si l'on enlève les transferts entre époux, après dix ans d'activité, 85% de ces non-aidés sont en effet encore en activité. Un chiffre à mettre en relation avec les 95% de réussite revendiqués par Jeunes Agriculteurs (JA) pour les installations aidées.
Selon le rapport, les agriculteurs non aidés sont de plus tout sauf des marginaux. Parmi les 8.000 installations non aidées (chiffres 2005), 80% des jeunes installés non bénéficiaires des aides sont originaires du département où ils s'installent, la plupart sont issus de familles agricoles et pratiquent les mêmes productions que ceux bénéficiant des aides.
«Face au rouleau compresseur des Jeunes Agriculteurs (JA), qui ont jusqu’alors toujours eu gain de cause auprès du ministère de l’Agriculture sur la question de l’installation, la section «Jeunes» de la Coordination rurale tente en vain, depuis plusieurs années, de s’opposer à la mise en place de toujours plus de contraintes (notamment par la limitation de l’accès à l’aide à l’installation ou DJA)», explique le communiqué de la CR.
«Le dernier rapport publié par le Cnasea sur les installations non aidées conforte malheureusement les positions fondamentales de la CR sur ce sujet.»
«La majorité des nouveaux installés ne veut ou ne peut en effet se plier à de trop nombreuses contraintes, note la Coordination rurale. Ces chiffres posent la question cruciale de la pertinence du parcours du combattant actuel et à venir pour l’obtention des aides à l’installation, et notamment du critère contraignant de l’âge (40 ans au maximum), que la CR remet en cause. En effet, la moitié des installations sans aide concerne des candidats de plus de 40 ans, ce qui est loin d’être négligeable, et seuls 10% des moins de 40 ans ont déposé une demande de DJA.»
«Chaque année, la France perd plus de 10.000 agriculteurs qui quittent le métier sans être remplacés. Il est plus qu’urgent de proposer enfin aux candidats à l’installation un parcours et des services adaptés à leur projet», conclut la Coordination rurale.