79 millions d’européens risquent d’être confrontés à la pauvreté, et particulièrement en milieu rural. Un constat, issu d'une étude de la Commission européenne, qui a poussé Bruxelles à organiser une conférence sur le thème.
Quelques 300 participants (gouvernements, Commission européenne, chercheurs, ONG, syndicats, administrations locales…) se sont ainsi retrouvés les 11 et 12 juin à Budapest en Hongrie. Un lieu qui n’a pas été choisi au hasard. La pauvreté rurale touche particulièrement les pays de l’est et du sud de l’Europe.
Pour autant, la France est concernée par la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans notre pays, «le taux de pauvreté de ménages agricoles était de 22% en 2003, contre seulement 12% pour l’ensemble de la population», a rappelé Madior Fall, chercheur à l’Inra.
Les pressions sont très fortes sur le budget agricole. La Direction générale de l’agriculture et du développement rural de la Commission européenne reconnaît du bout des lèvres que la pauvreté rurale devra être prise en compte dans la Pac après 2013 (en coordination avec les fonds social et de cohésion territoriale notamment). Un député européen a annoncé le 11 juin sur la BBC qu’il venait de saisir la Commission sur ce point.
L’activité agricole elle-même est sollicitée. Elle doit se diversifier. Le concept d’«agriculture sociale» émerge. «Elle permet à des fermes de se développer dans des zones en dépression, a expliqué Gérard Assouline, économiste et sociologue. Ces actions ont un impact environnemental, économique mais aussi social». En France, l’association solid’action accueille à la ferme des personnes en situation d’exclusion. Elle a développé une activité d’entretien du paysage notamment et vend ses services à la communauté.
L’esprit est d’utiliser les ressources locales, particulièrement les agriculteurs, pour intensifier, maintenir ou réintroduire les services en milieu rural. L’agriculture sociale, c’est aussi la création de crèches à la ferme, l’accueil de seniors, un lieu d’éducation (contact avec les animaux…), en encore le tourisme rural.
«Il faut se poser la question de la Pac après 2013, après les quotas laitiers. Il ne faut plus raisonner seulement rentabilité, mais aussi conséquences sociales. La Pac a un rôle à jouer dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion en milieu rural», estime Gérard Assouline.