«Les stocks sont vides, l'élevage est mis en péril par la hausse des matières premières et vous dites que la réforme de la Pac est une réussit! Je trouve ce propos étonnant», a rétorqué Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, à Hermanus Versteijlen de la direction générale de l'agriculture à la Commission européenne, le 27 février 2008.
Pour le bilan de santé de la Pac, Christiane Lambert a insisté sur «dimension économique à mettre en avant plutôt que le tout rural», lors d'un débat organisée par la Commission européenne. Virginie Jorissen, du ministère de l'Agriculture, a énuméré les trois priorités de Michel Barnier: maintenir le potentiel de production agricole européen passant par un premier pilier fort (soutien au marché), conserver l'approche territoriale et enfin simplifier la Pac (autrement dit «s'attaquer à la conditionnalité, nécessaire mais complexe»).
Pour Jeunes Agriculteurs (JA), Eloi Canon a plaidé pour des outils de stabilisation des marchés, la préférence communautaire et le soutien aux plus fragiles via le second pilier de la Pac (développement rural). «La second pilier doit servir à l'installation et aux agriculteurs en zones défavorisées. Mais, tout comme la FNSEA, nous sommes contre la modulation, a-t-il précisé. Les aides doivent être rééquilibrées au sein du premier pilier.»
Pour JA et la FNSEA, la redistribution des aides doit être assurée par la mise en place d'outils de stabilisation du revenu: des DPU (droits à paiement unique) «flottants» et des assurances financées par les pouvoirs publics. «Ces DPU flottants seraient mis en réserve et viendraient après coup aider les agriculteurs mis en difficulté à la suite des aléas», a expliqué Eloi Canon. Techniquement, la redistribution des aides au sein du premier pilier pourrait se faire via «l'article 69» remodelé (article du règlement européen qui permet de prélever des aides au sein du premier pilier de la Pac, puis de les reverser sous une autre forme toujours au sein du premier pilier).
Pour Hermanus Versteijlen, de la Commission européenne, ces modifications doivent rentrer d'une part dans le cadre d'un budget plafonné et d'autre part, être «OMC-compatible» («pas question d'aboutir à plus d'aides couplées à la production», a-t-il martelé). Christiane Lambert a critiqué la propension de la Commission «à courir devant un accord à l'OMC»: «ça ne nous convient pas!».