Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé jeudi les Etats membres de l'UE à ne pas torpiller son projet d'aide aux pays pauvres financé par des fonds agricoles européens, qui a suscité de sérieuses réserves de l'Allemagne.
Intervenant juste après le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy devant le Parlement européen à Strasbourg, il a rappelé que les Etats européens avaient eux-mêmes encouragé la Commission à présenter un texte en ce sens.
«La Commission européenne adoptera cette proposition la semaine prochaine. Je compte sur le plein soutien des deux branches de l'autorité budgétaire (les Etats membres représentés au Conseil et le Parlement européen, ndlr) pour que l'Europe puisse fournir rapidement l'aide visée aux agriculteurs d'Afrique», a dit M. Barroso.
«Ce soutien est essentiel pour assurer la révolution verte dont l'Afrique a besoin pour sa stabilité et sa prospérité qui, nous le savons tous, relèvent aussi de l'intérêt direct de l'Europe», a-t-il ajouté, en affirmant que le continent noir vivait «un drame» avec la hausse des prix des denrées alimentaire.
Lors du sommet du G8 au Japon, M. Barroso a annoncé sa volonté de créer un fonds doté d'un milliard d'euros pour venir en aide aux agriculteurs dans les pays en développement. Ce fonds serait financé en utilisant des subventions agricoles non utilisées des budgets 2008 et 2009 de l'Union européenne. Ces fonds n'ont pas été utilisés du fait de la hausse des prix agricoles mondiaux.
Lors du G8, la chancelière allemande Angela Merkel avait exprimé des réserves face à un projet qui entraînerait un manque à gagner budgétaire pour son pays, puisque les fonds non utilisés du budget européen doivent en principe revenir dans les caisses des Etats membres. «Nous n'avons pas dit notre dernier mot là-dessus», a indiqué Mme Merkel.
D'autres pays, en privé, font savoir leur mécontentement. Dans le même temps, il ne sera pas aisé sur le plan politique pour les gouvernements européens de refuser d'accorder aux pays pauvres des subventions non utilisées du fait de la hausse des prix mondiaux, alors que l'Europe ne cesse dans le même temps de clamer sa volonté d'aider l'Afrique.
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