Les négociations entre sept grandes puissances commerciales ont débouché sur une percée au cinquième jour de tractations à Genève, a-t-on annoncé vendredi en fin d'après-midi de source diplomatique au siège de l'Organisation mondiale du commerce. «Il y a eu une percée dans les négociations», a annoncé un diplomate qui a requis l'anonymat.
Le porte-parole de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), Keith Rockwell, a fait état de son côté de «signes très encourageants de progrès» dans les discussions entre l'Union européenne et six puissances commerciales (Australie, Brésil, Chine, Etats-Unis, Inde, Japon).
Alors que les discussions entamées lundi semblaient proches de l'échec en début de journée, les éléments de l'accord obtenu à sept devaient être soumis aux ministres d'une trentaine d'autres pays au cours d'une réunion prévue à 16h00.
L'ensemble des 153 pays membres devront ensuite approuver les termes de tout éventuel accord à l'OMC, où prévaut la règle de l'unanimité.
«Les prochaines heures seront décisives. Nous sommes à un moment crucial où tout peut basculer entre échec et réussite», avait averti dans la matinée le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, en s'adressant aux 153 pays membres de l'OMC.
Les quatre journées d'intenses négociations, qui ont culminé lors de tractations entre sept grandes puissances qui représentent 80% du commerce mondial (Australie, Brésil, Chine, Etats-Unis, Inde, Japon, UE), n'ont permis de dégager que «quelques points de convergence», avait reconnu M. Lamy, déplorant des progrès «affreusement lents».
Pascal Lamy a convoqué les ministres cette semaine à Genève dans l'espoir de susciter enfin un accord sur l'agriculture et les produits industriels, les deux points au coeur du cycle de négociations de Doha, lancé à la fin de 2001 dans la capitale du Qatar.
Un échec, cette semaine, risquerait de signifier un long report, voire un abandon définitif, du cycle qui aurait déjà dû aboutir à la fin de 2004.
Les pays en développement veulent le démantèlement des politiques agricoles des pays riches, et ces derniers demandent en échange aux pays émergents d'abaisser leurs droits de douane sur les produits industriels.
A son arrivée au siège de l'OMC, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a souligné que «si certains négociateurs ne font preuve d'aucune souplesse, l'ensemble de la négociation est prise en otage». « Le risque d'un blocage et d'un échec est très réel», a-t-il observé sur son blog.
Une scission semblait se dessiner dans le camp des pays en développement, dont plusieurs ont contesté la position de l'Inde et du Brésil, qui mènent le combat au nom du Sud dans les discussions à sept.
«Défendre nos lignes rouges jusqu'au bout entraînera l'échec des négociations», a averti jeudi soir le ministre du Commerce du Costa Rica, Marco Vinicio Ruiz. «Ne sortez pas de cette pièce en justifiant vos décisions au nom de l'intérêt supérieur des autres pays en développement».
Dans l'oeil du cyclone, le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a assuré que son pays faisait preuve de souplesse dans la négociation. «Mais ce que je ne peux accepter ni négocier, ce sont les moyens de subsistance des paysans indiens», a-t-il lancé.
Selon des sources diplomatiques, la Colombie, soutenue par le Pérou et le Chili, a demandé à M. Lamy de soumettre aux pays membres un projet d'accord afin de sortir de l'impasse. M. Lamy a rejeté cette possibilité, contestée par d'autres pays comme Cuba, la Bolivie et le Venezuela, selon la même source.