Après cinq jours de discussions dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève, les syndicats français sont inquiets.
«La Commission a franchi ses propres lignes rouges en admettant une réduction des droits de douane à 60% et un accroissement des importations à bas prix et en acceptant des coupes draconiennes dans le soutien agricole interne qui mettent en danger la Pac», dénoncent la FNSEA et JA (Jeunes Agriculteurs) dans un communiqué commun vendredi.
Selon eux, les dégâts causés à l’agriculture européenne conduiraient à une perte de valeur de plus de 30 milliards d’euros de la production européenne qui se traduirait par une disparition de 500.000 emplois dont 100.000 en France.
«Aucun paysan n’a intérêt à ce que ces négociations aboutissent, estime la Coordination rurale (CR) dans un communiqué. Ni en Europe, ni ailleurs, puisque les accords antérieurs [...] n’ont fait qu’accélérer la disparition des paysans du monde.»
«L'UE a ouvert en grand les importations massives de produits agricoles au prix mondial», renchérit le Modef. Le syndicat des exploitants familiaux se désole «qu'après la fin des restitutions et le démantèlement programmé des outils de régulation des marchés, la Pac sera livrée au seul marché.»
Chacun de son côté, les quatre syndicats appellent la présidence française de l’UE à mettre fin à ce troc mondial. Ils demandent à Nicolas Sarkosy de mettre sa menace à exécution. Le président de la République a en effet menacé jeudi d'opposer son veto à l'accord déséquilibré qui se profile.
Dans un contexte international sous tensions (crise financière, envolée du prix du pétrole, crise alimentaire, menace de récession aux Etats-Unis...), la CR et le Modef appellent à sortir l'agriculture du champ de l'OMC. Il faut le faire «pour la souveraineté alimentaire des peuples et la rémunération du travail paysan», justifie le Modef. «Ce geste sera salué avec reconnaissance et optimisme par les 3 milliards de paysans du monde», assure la CR.
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