Un centre de recherches indépendant, TestBiotech, a remis mardi à Corinne Lepage un nouveau rapport pointant les insuffisances des méthodes d'évaluation des OGM. En tant que vice-présidente de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire au Parlement européen, Corinne Lepage s'est engagée à faire «tout [son] possible pour rendre l'expertise européenne transparente, pluraliste et contradictoire».
«Nombre d'études indépendantes montrent que les risques des OGM sont mal évalués en Europe, a-t-elle déclaré. Il est temps que l'Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) et la Commission prennent en compte d'autres avis scientifiques que ceux fournis par les compagnies biotechnologiques elles-mêmes.»
Selon Christoph Then, directeur de l'ONG TestBioteh et co-auteur du rapport, «les techniques employées pour créer des plantes transgéniques perturbent bien plus les mécanismes d'expression des gènes que ne l'affirme le lobby de l'industrie biotechnologique», ce qui peut engendrer des risques nouveaux «notamment sous des conditions de stress».
Les auteurs du rapport jugent que l'évaluation des risques est fondée sur des principes dépassés, qui doivent être réexaminés à la lumière des avancées scientifiques de ces dernières années. En particulier, ce qui était supposé être l'effet de gènes isolés semble en réalité induit par de complexes mécanismes de régulation.
Selon TestBiotech, l'Efsa pratique une approche comparative entre les plantes génétiquement modifiées et les cultures conventionnelles qui n'a pas lieu d'être, dans la mesure où les OGM sont des produits manipulés qui n'ont pas d'équivalent dans la nature. Par ailleurs, lorsque des différences significatives sont observées entre les plantes génétiquement modifiées et leurs «équivalents» conventionnels, la décision de les considérer ou non comme «substantiellement différentes» relève de l'interprétation du chercheur.
Suivant les principes de l'Efsa, «les plantes génétiquement modifiées sont jugées sans risques aussi longtemps que le contraire n'a pas été prouvé. Cela signifie que les OGM sont testés beaucoup plus superficiellement que la nourriture irradiée, les pesticides, les produits chimiques et les médicaments», poursuit le rapport.
De ce fait, les auteurs estiment que la méthodologie adoptée par l'Efsa «ne remplit pas les exigences de l'Union européenne, [en remplaçant] les tests d'évaluation des risques par un système d'hypothèses fondé sur des résultats difficilement vérifiables».
Ils regrettent également que la recherche menée par des équipes indépendantes soit entravée et la publication des résultats, souvent obstruée.
Le rapport de TestBiotech recommande une évaluation plus exhaustive des OGM, qui mettrait notamment en oeuvre des «crash-tests» afin d'observer les réactions des plantes génétiquement modifiées dans des conditions environnementales changeantes ou extrêmes.
Pour Corinne Lepage, «les enjeux [...] sont trop importants pour que l'on continue à sacrifier le principe de précaution sur l'autel des intérêts commerciaux».
