Quatorze scientifiques membres de la Haute autorité provisoire sur les OGM ont contesté jeudi les «doutes sérieux» évoqués par le président de cette instance, Jean-François Le Grand, pour présenter l'avis sur le maïs Mon 810 de Monsanto.
Ils «font remarquer» dans un communiqué publié jeudi soir que «le projet d'avis qu'ils ont rédigé le 9 janvier 2008 sur la dissémination du Mon 810 sur le territoire français ne comporte pas les termes de ''doutes sérieux'', pas plus qu'il ne qualifie les faits scientifiques nouveaux de ''négatifs''», comme l'a déclaré M. Le Grand.
Les termes exacts de l'avis, selon eux, sont que «ces faits et questions (...) représentent des interrogations quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques possibles de la culture et de la commercialisation du Mon 810» et que le «comité de préfiguration souligne la publication de plusieurs faits scientifiques nouveaux qui concernent l'impact du Mon 810 sur l'environnement, sur la santé humaine, l'économie et l'agronomie».
Les scientifiques se disent «gênés par le décalage entre l'avis tel qu'ils l'ont rédigé et sa transcription» et «regrettent le manque de temps qui ne leur a pas permis, d'une part de réaliser une expertise plus complète du Mon 810 selon les critères de l'expertise collective, et d'autre part de relire sereinement l'avis avant sa diffusion».
Le communiqué est signé de 12 des quinze membres du comité scientifique (dont Antoine Messéan, chercheur en agronomie à l'Inra) de la Haute autorité, et de 2 membres de la section économique, éthique et sociale.
Pour sa part, le botaniste Pierre-Henri Gouyon, également membre de la haute autorité et non signataire de ce communiqué, reconnaît dans une réponse écrite que le président Jean-François Le Grand «aurait pu mieux séparer ce qui était le texte du comité de son interprétation». Il juge toutefois que «le doute est évident devant l'ensemble des faits».
«L'exercice auquel on se livre dans ce comité est très difficile puisqu'on a notamment des gens qui sont là pour promouvoir les OGM comme les semenciers», explique-t-il.
«On ne pourra jamais se mettre d'accord sur un avis, donc la décision que nous avons prise très sagement c'est de donner les faits. Aujourd'hui certains s'indignent car (dans cet avis) il y a le mot ''interrogation'' mais pas ''doute''». «Je commence à en avoir assez des gens qui bloquent sur toute une série de mots, comme doute, ou contamination: il faudrait parler de présence fortuite!», poursuit-il, en dénonçant une «rhétorique criticable».
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