Dans un discours prononcé jeudi à l'European Policy Centre, un important cercle de réflexion basé à Bruxelles, Mariann Fischer Boel a plaidé pour l'autorisation de nouveaux OGM, dès lors qu'aucun avis scientifique négatif n'est émis.
Après le refoulement, cet été, d'un cargo de soja présentant d'infimes traces d'OGM non autorisé dans l'Union européenne, la commissaire à l'Agriculture insiste sur le risque de rupture d'approvisionnement en protéines végétales pour l'élevage.
Les tests européens avaient détecté des traces d'OGM là où les tests américains n'avaient rien trouvé. Or les négociants ne peuvent se permettre de prendre le risque de voir leur marchandise bloquée aux frontières communautaires, a-t-elle insisté.
Si l'incident de cet été ne concernait qu'un pays (Etats-Unis) et qu'une sorte d'OGM, «le reste du monde autorise toujours plus d'OGM sans attendre le feu vert de l'Europe», a souligné Mariann Fischer Boel. Elle a regretté que l'immobilisme du Conseil, à défaut de réunir une majorité qualifiée à chaque nouveau vote, pèse sur la vitesse de délivrance des autorisations.
Vu la dépendance de l'élevage européen par rapport aux protéines importées, ces «autorisations asynchrones» peuvent pénaliser durement la filière, et par là même, l'agriculture et l'économie européennes, selon la commissaire à l'Agriculture.
Elle a par ailleurs qualifié de «pure fantaisie» l'idée que l'Union européenne puisse devenir autosuffisante en protéines végétales.
«Si nous laissons nos filières d'élevage aller dans le mur, nous finirons par devoir importer de la viande provenant d'animaux nourris avec une longue liste d'OGM sur lesquels nous n'aurons aucun contrôle», a-t-elle alerté.
D'autre part, même si l'approvisionnement en protéines non OGM restait possible, le prix pourrait grimper et faire augmenter d'autant les coûts de production européens, déjà pas toujours compétitifs à l'heure actuelle.
Soulignant la qualité et la rigueur scientifique de l'autorité européenne chargée d'évaluer la sécurité des aliments, Mariann Fischer Boel a rappelé les principes de la politique d'autorisation des OGM.
«S'il n'y a aucune raison scientifique pour interdire un OGM, nous l'autorisons. […] Mais s'il est démontré qu'un OGM présente un effet négatif sur la santé humaine ou animale ou sur l'environnement, nous ne l'autorisons pas.»