Ici, les premiers foyers de sésamie sont apparus en 2006 avec des pertes de rendement qui ont pu aller jusqu’à 50%. «Alors ce soir, dans la salle, on a des agriculteurs potentiellement intéressés par les variétés Mon 810 mais on a aussi des agriculteurs bio», précise Jean-Marc Poirier, administrateur de Terrena. Ici, c’est le bassin de vie du Lathan. Une zone Terrena située à l’est du Maine-et-Loire et limitée au sud par la Loire. Sur un potentiel de 500 invités, 10% ont répondu à l’appel de Terrena pour discuter des OGM.
Après la diffusion d’une vidéo reprise dans les 34 réunions organisées par la coopérative, questions et remarques fusent. «Les OGM, je ne suis ni pour, ni contre mais l’avenir de l’agriculture passe par le respect de tous», pose cet agriculteur.
Et dans cette région, cette remarque est un défi déjà pour le monde agricole. La zone du Lathan couvre 35 communes. L’élevage y est essentiellement laitier et les grandes cultures cohabitent avec moultes productions spécialisées: semences, arboriculture, bulbes à fleur, viticulture ou encore maraîchage. Alors, très logiquement, la question de la diffusion du pollen reste le point névralgique de ce respect mutuel.
Et le message adressé à Terrena est clair. «Si le conseil d’administration de Terrena décide de gérer agriculture conventionnelle, OGM et productions labellisées, quelle garantie va t-elle nous apporter? Comment va t-elle faire pour que chacun y retrouve son compte?» interroge cet agriculteur bio. «Terrena sera-t-elle en mesure de protéger nos parcelles?», complète cet autre.
Cette interrogation, Olivier Chaillou, membre du bureau de Terrena, la porte aussi: «Les règles actuelles qui prévoient une distance de 50 mètres entre une parcelle OGM et une parcelle conventionnelle sont surtout faites pour les zones céréalières. Je me pose plus de questions sur des zones comme les nôtres beaucoup plus diversifiées. Je pense qu’on peut y arriver mais il faudra que toutes les parcelles soient déclarées.»
Olivier Chaillou a animé l’une des premières réunions de Terrena à Corné, cœur historique de la production angevine de semences de mais. Là aussi, les agriculteurs ont mis en avant le risque sésamie/pyrale: «Avec un maïs à 20 € le quintal, il faut aujourd’hui 2 quintaux pour payer le surcoût hectare de la semence Mon 810. Aujourd’hui, on est à la limite de l’intérêt économique. Mais si demain, les pertes de rendement sont plus élevées, on ne se posera plus de question!»
Mais ils ont également mis en avant leur désir de semer, un jour, des variétés qui présentent un intérêt aussi pour le consommateur. «Le gène Mon 810 est intéressant pour le producteur, pas pour le consommateur», a-t-il été rappelé.
«Si on avait démarré avec des OGM qui présentaient un intérêt pour le consommateur, cela aurait été mieux», a fait remarquer un adhérent. Un message qui n’échappera sans doute pas à sa coopérative.