Le documentaire ''Le monde selon Monsanto'', programmé mardi soir sur Arte, «relaie des informations fausses ou inappropriées relatives aux plantes génétiquement modifiées», a estimé l'Association française pour l'information scientifique (Afis).
«Nous avons attendu de visionner le reportage, ce que nous avons pu faire puisqu’il a déjà été diffusé sur d’autres chaînes francophones (RTBF, TSR1). Après visionnage de ce reportage, il apparaissait, en se limitant au seul champ de l’information scientifique, qu’il était truffé de contrevérités et d’approximations relayées sans esprit critique », ajoute-t-elle.
«Nous ne nous préoccupons pas dans notre commentaire du reportage en général, des thèses (économiques, sociales, politiques, éthiques, etc.) qui peuvent se trouver y être véhiculées en particulier, ou encore des thèmes abordés qui sont sans rapport avec les biotechnologies végétales (agent orange, hormones de croissance, etc.) :(...) nous entendons rétablir la matérialité des faits en ce qui concerne les biotechnologies végétales», explique l'Afis.
Dans le détail, l'association explique notamment que selon le documentaire «le principe d’équivalence substantielle aurait conduit à considérer les OGM comme équivalents aux autres aliments, et donc à ne pas les évaluer».
«Le concept de ''substantial equivalence''», est «une méthode comparative de l’OGM avec un organisme reconnu comme sûr (en raison d’un long usage antérieur), c’est-à-dire la variété non-OGM la plus proche (hormis le transgène). La réalisatrice du film a, quant à elle, compris qu’il s’agissait d’un principe dispensant l’OGM d’études ! Il s’agit donc d’un contre-sens complet».
Autre exemple, selon le documentaire «les échecs du coton Bt pousseraient les paysans indiens au suicide», rapporte l'Afis.
Même si certains épandages d'insecticide restent nécessaires, les résultats positifs des cotonniers Bt, «cultivés dans neuf pays en 2007, suffisent à expliquer que la part des agriculteurs indiens acquérant des semences biotechnologiques soit passée de 0 (en 2001) à 63% (en 2007 ; soit 3,8 millions d’agriculteurs)».
«Les difficultés rencontrées localement doivent être analysés en fonction des situations locales, sans oublier qu’en Inde ont pignon sur rue des vendeurs de variétés non-certifiées, quelquefois vendues comme transgéniques Bt alors qu’elles ne le sont pas», estime quant à elle l'Afis.
«Des sommets sont atteints lorsque sont montrées des images de mutation affectant la morphologie florale et qui seraient susceptibles de se diffuser dans les maïs mexicains. Ce qui est montré (le film parle d’une espèce locale) est en fait une crucifère nommée Arabidopsis thaliana, plante modèle de laboratoire, utilisée entre autres pour étudier le développement floral, grâce notamment à ces mutations (dites homéotiques). Précisons, pour sortir de la vision apocalyptique du film, que certaines de ces mutations, qui peuvent apparaître spontanément, procurent le caractère « fleurs doubles » particulièrement apprécié des amateurs de fleurs !», s'exclame encore l'Afis.
Elle conclut : «A la formulation d’une hypothèse classique selon laquelle les biotechnologies végétales constitueraient, pour l’entreprise américaine Monsanto, un choix stratégique en faveur de la biologie la repositionnant par rapport à la chimie, son métier d’origine, le film préfère prêter à Monsanto l’intention de ''contrôler la nourriture'' et les ''populations du monde''. L’objet du reportage est de documenter cette opinion, mais force est de constater qu’il est truffé d’allégations pseudo-scientifiques. Comme la plupart des personnes convaincues par avance du caractère néfaste des OGM tout comme des motivations des entreprises biotechnologiques, la réalisatrice, non outillée pour faire le tri entre le vrai et le faux sur le plan scientifique, ne se montre ainsi perméable qu’aux seuls arguments allant dans le sens de ses a priori et expose aux téléspectateurs l’image d’un monde binaire, avec des bons et des méchants.»
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