Agri France, filiale spécialisée de BNP Paribas, a publié mardi son étude annuelle sur le marché du foncier rural et ses perspectives.
Les agriculteurs européens sont de plus en plus intéressés par l'acquisition en France de grandes exploitations agricoles, entre autres céréalières, moins chères que dans leurs pays, estime Agri France.
«Nous constatons une forte augmentation de l'intérêt des agriculteurs européens pour des propriétés agricoles, essentiellement céréalières, d'au moins 300 hectares», a déclaré Benoît Lechenault, responsable de la filiale de BNP Paribas banque privée, lors d'une conférence de presse. Cet engouement concerne principalement les Danois, les Belges, les Allemands et les Italiens, a ajouté M. Lechenault.
La principale raison s'explique, outre par l'envolée sur les marchés mondiaux des prix des céréales, par la différence des tarifs pratiqués: entre 5.000 et 7.000 euros par hectare en France pour une propriété céréalière contre 30.000 euros/ha au Danemark. «Pour une propriété d'environ 500 ha actuellement en vente dans le centre de la France, sur 10 contacts, nous en avons la moitié qui sont des investisseurs étrangers», souligne Olivier de la Selle, ancien responsable d'Agri France.
Face à «l'accès de fièvre» sur les marchés de certains produits agricoles (céréales, oléagnieux...), le marché foncier agricole – hors vignobles – «n'a pas explosé», constate ainsi l'étude d'Agri France. «La demande de terres est certes restée active et les prix fermes mais sans la hausse violente qui n'aurait pas manqué d'apparaître sur un marché plus libre et réactif». Evoquant un marché foncier français «contenu» par des organismes nationaux, Agri France indique que «sitôt franchies nos frontières nationales, les prix à l'hectare sont depuis plusieurs années beaucoup plus élevés...».
Qu'il réussisse à s'exprimer ou non, le potentiel de hausse paraît «indubitable» en France. «Les prix actuels paraissent sages au vu de ces perspectives: les terres les plus coûteuses de la Champagne crayeuse, des Landes ou de la Beauce cotent autour de 8.000 €/ha. Avis aux amateurs», précise l'étude.
Après plusieurs années de marasme, les propriétés viticoles ont vu leurs prix augmenter à nouveau en 2007. Les investisseurs doivent prévoir en moyenne 55.000 euros/ha dans le Bordelais, 35.000 dans les Côtes du Rhône, 30.000 en Côtes de Provence mais seulement 10.000 en Languedoc.
Mais les prix peuvent monter à 1 million par hectare pour un grand cru en Champagne, 1,5 million pour un pomerol, voire 5 millions et plus pour un grand cru en Bourgogne.
Comme l'a prouvé l'acquisition en janvier par le groupe immobilier chinois, Longhai du Château Latour-Laguens, une propriété viticole bordelaise, les investisseurs asiatiques, notamment chinois, japonais et indiens, montrent le plus d'interêt pour investir dans le plus important et le plus réputé vignoble au monde, selon Agri France.