L'interdiction de la culture du maïs OGM Mon 810 et la notification à Bruxelles de la clause de sauvegarde par la France suscite le dépit des maïsiculteurs tandis que les écologistes sont satisfaits.
«La France se retrouve isolée et le Sud-Ouest pénalisé face à la concurrence de l'Espagne qui n'applique pas les mêmes règles», a estimé samedi le président de la FRSEA du Midi-Pyrénées, Dominique Barrau.
«Les Espagnols vont continuer, nous on s'arrête, la messe est dite», a-t-il déclaré, rappelant qu'en 2007 «80% des 16.000 hectares de maïs OGM plantés en France l'étaient en Aquitaine et dans le Midi-Pyrénées».
Le responsable syndical entend «continuer le travail de lobbying et d'information» avec ses pairs, et signale qu'il fera partie d'une délégation de la FNSEA reçue mercredi par Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale.
Pour Pascal Metge, qui exploite une centaine d'hectares à Saint-Hilaire (Haute-Garonne), dont 30 hectares de maïs OGM en 2007, «le politique a pris le dessus sur les scientifiques qui ne sont pas écoutés, et c'est regrettable».
«Cette interdiction nous oblige à revenir à une pratique, celle de l'utilisation des insecticides, qui va à l'encontre des souhaits du Grenelle de l'environnement», regrette-t-il.
Cet agriculteur se dit toutefois «confiant et soulagé» que le dossier «parte vers l'Europe, qu'il sorte du complexe politique franco-français pour être étudié par des scientifiques européens».
Monsanto, qui commercialise le maïs Mon 810, «étudie toutes les options légales» dans ce dossier, n'excluant donc pas un recours, a indiqué une porte-parole du groupe.
L'arrêté d'interdiction de la culture du Mon 810 «n'a aucun fondement scientifique», a-t-elle en outre dénoncé.
L'AGPM avait déjà prévenu de son côté à la fin de janvier qu'elle allait attaquer cet arrêté, par une procédure d'urgence au Conseil d'Etat.
Monsanto avait attaqué au Conseil d'Etat un précédent décret du 5 décembre 2007 qui interdisait la livraison de semences OGM aux agriculteurs.
Le leader altermondialiste José Bové a exprimé sa satisfaction de voir publiée l'interdiction de la culture du maïs OGM Mon 810.
L'Alliance pour la planète (80 associations dont Greenpeace et le WWF) s'est déclarée «très heureuse» de cette interdiction, qui était «une véritable urgence».
Le député PS Philippe Martin a dénoncé «les innombrables revirements» du gouvernement sur le dossier des OGM, qui sont devenus à quelques semaines des élections, ironise-t-il, des «Objets Gênants pour les Municipales».
«Si l'on doit se réjouir de l'activation par la France de la clause de sauvegarde sur le maïs OGM Mon 810, on reste confondu face aux innombrables revirements du gouvernement dans ce dossier en quelques semaines», a-t-il déclaré.
«Cette politique erratique illustre l'actuelle incohérence d'un gouvernement qui ne sait plus quoi faire pour sauver des élections locales qui s'annoncent mauvaises pour la droite», juge le député du Gers.