Le 62e congrès de la FNSEA, qui se déroulait à Nantes du mardi 1er au jeudi 3 avril, sera marqué d’une pierre blanche. Tout d’abord, il avait lieu symboliquement dans un département remporté «à la force du poignet» par la liste FNSEA 44 lors des dernières élections aux chambres d’agriculture. Et puis un temps fort: pour la première fois, dans l’histoire de la fédération, un président de la République s’est déplacé pour intervenir devant les responsables syndicaux.
Accueilli mercredi par Jean-Michel Lemétayer, candidat unique à sa propre succession à la tête de la FNSEA, pour ce congrès électif, Nicolas Sarkozy a fait mine de s’étonner d’inaugurer l’exercice: «Quoi de plus normal, a-t-il lancé d’entrée de jeu, puisque l’agriculture est une part de l’identité nationale, un secteur de pointe stratégique pour l’économie française… et que l’évolution de la Pac est un sujet majeur de la présidence française de l’Union européenne (ndlr: à partir du 1er juillet 2008), qui va bien au-delà de l’avenir des agriculteurs eux-mêmes.»
Le bilan de santé de la Pac était le plat de résistance de ce congrès animé par les débats entre régions et productions sur la répartition des aides. De fait, à l’Elysée, on expliquait que si le président de la République se rendait à Nantes afin de «saluer les efforts engagés par la FNSEA pour jouer le jeu du Grenelle de l’environnement», il tenait aussi à ce que le principal syndicat agricole s’approprie les objectifs que la France défendra auprès de ses partenaires européens dans les prochains mois.
Ne déviant guère des lignes déjà énoncées lors du Salon de l’agriculture, Nicolas Sarkozy a souligné que la refondation de la Pac ne consistait pas à gérer «la préservation du passé mais l’organisation de l’avenir», à partir d’une «préférence communautaire renouvelée».
Le président a expliqué que le bilan de santé était l’occasion de redonner du sens et de la légitimité à la Pac: «En quoi aider un agriculteur sur la base de son travail entre 2000 et 2002 sera-t-il légitime en 2013?», a-t-il demandé à l’assistance, laissant entendre la fin nécessaire des références historiques.
«De la même manière, a-t-il ajouté, s’il est essentiel de renforcer le soutien à l’élevage pour répondre à la demande alimentaire croissante, devons-nous le faire avec le même dispositif figé depuis 1992?»
Le président de la République a encouragé les congressistes à s’engager dans ces débats comme dans ceux du Grenelle, sans frilosité, avec audace et, pour être entendus, en restant à l’intérieur de l’UE, c'est-à-dire sans toujours renvoyer les problèmes à la Commission européenne.
Parmi les projets à cours et moyen terme, Nicolas Sarkozy a par ailleurs cité «la réforme avant la fin de l’année des soutiens aux zones herbagères», l’amélioration dès 2009 de la gestion des risques climatiques et sanitaires par l’Etat et l’Union européenne, ou encore, avant la fin du premier semestre, une «véritable modernisation de notre politique de l’urbanisme et du contrôle des structures agricoles» engagée par Jean-louis Borloo et Michel Barnier.
Il s’est par ailleurs engagé à la «revalorisation des petites pensions et au maintien du pouvoir d’achat des retraités agricoles qui seront examinés avant la fin du premier semestre».