Les signaux qu'enverront dans les prochaines semaines les responsables politiques américains seront « décisifs » pour l'avenir des négociations de Doha engagées au sein de l'OMC, a estimé lundi le directeur général de l'organisation, Pascal Lamy. Il a notamment évoqué la réforme du Farm Bill et le mandat de négociation accordé par le Congrès au gouvernement de George W. Bush.
Il a rappelé que cette loi (Trade Promotion Authority, TPA) qui délègue au gouvernement américain des pouvoirs spéciaux de négociation expire le 1er juillet.
« Il est clair que l'accord entre les deux branches (exécutif et législatif) du gouvernement est une question interne des Etats-Unis » , a-t-il déclaré lors d'un discours à la Chambre de commerce à Washington.« Mais beaucoup de partenaires commerciaux interprèteraient l'absence de mouvement sur le TPA comme un signe que les Etats-Unis ne croient plus dans l'avenir du cycle de Doha », a-t-il souligné.
« En même temps, il y a à Genève (siège de l'OMC, ndlr) une reconnaissance du fait que les progrès effectués dans le cadre du cycle de Doha et les perspectives d'une conclusion rapide des négociations seront aussi prises en compte par les membres du Congrès américain lorsqu'ils discuteront du renouvellement du TPA », a ajouté Pascal Lamy.
« Ce n'est dès lors pas une surprise que beaucoup de membres de l'OMC pensent qu'il y a actuellement une période pendant laquelle un accord est possible qui se terminera s'il n'y a pas de progrès dans les prochaines semaines », a-t-il prévenu.
« Pour le moment, un groupe d'acteurs principaux, l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil et l'Inde, tout en étant désireux de conclure les négociations d'ici la fin de l'année, sont en quelque sorte paralysés par la crainte que toute initiative de la part de l'un d'entre eux sera prise comme argent comptant par les autres et ne conduira pas à des initiatives réciproques », a estimé le directeur général de l'OMC.
« Si les membres de l'OMC ne dynamisent pas les négociations rapidement -car même si elles sont actives, leur rythme reste trop lent- les gouvernements seront forcés d'envisager la douloureuse réalité d'un échec », a-t-il prévenu.