Lors de l’assemblée générale d’Oléosem, mercredi, les représentants de l’industrie des semences de plantes oléagineuses ont présenté les «défis» auxquels est confrontée la filière, à commencer par le financement de la recherche.
«Malgré une hausse de 50% des surfaces de colza en cinq ans, le financement de la recherche pour la sélection en colza est touché», a mis en garde Yvette Duprat, vice-présidente d’Oléosem. Cette «menace de plus en plus forte sur le devenir de la recherche» pourrait se faire sentir sur le renouvellement variétal d’ici dix ans.
A l’origine de cette inquiétude, «la confiscation d’un tiers du marché en colza par les semences de ferme». Selon Yvette Duprat, «le développement des hybrides est l’une des armes pour lutter, mais la progression est trop lente pour constituer une solution». «Il faudra dynamiser le marché de la semence en colza et trouver une solution équitable pour la question des semences de ferme», a ajouté le président Bruno Baranne.
Les semenciers s’inquiètent également de la baisse des surfaces en tournesol, dont les agriculteurs se détournent en constatant un rendement qui plafonne souvent autour de 22 à 25 q/ha. «Il faut remettre de l’agronomie dans le moteur du tournesol», a lancé Bruno Baranne, soulignant «la sous-valorisation d’un progrès génétique pourtant bien réel».
La filière devra également s’adapter à la disparition progressive du tournesol classique, qui va céder sa place au tournesol oléique, qui représente déjà deux tiers des surfaces. «Les grands groupes ont revu leur stratégie pour la commercialisation et la distribution de leur huile, a expliqué Franck Pruvost, de Cargill Europe. Il y a une mutation vers des huiles au profil nutritionnel plus équilibré qui se fait au détriment du tournesol classique, et c’est une stratégie durable sur laquelle ne reviendra pas».
Le tournesol classique serait donc condamné «à s’étioler pour ne subsister qu’à l’état résiduel», alors que le tournesol oléique aurait un potentiel de 500 000 ha en France.