Dans un rapport spécial intitulé «Les instruments de gestion du marché du lait et des produits laitiers ont-ils atteint leurs principaux objectifs?» publié jeudi, la Cour des comptes européenne insiste sur la nécessité pour la Commission de «continuer à superviser l'évolution du marché du lait et des produits laitiers, en mettant en oeuvre les mesures nécessaires pour éviter que la dérégulation du secteur n'aboutisse à la recréation d'une situation de surproduction».
La Cour des comptes souligne que le niveau des quotas «s'est avéré longtemps trop élevés par rapport aux capacités d'absorption du marché», engendrant des excédents structurels. Elle considère que, si à la suite de la flambée des cours des produits industriels en 2007, «les excédents ont pour la première fois quasi disparu, cette situation ne pouvait être considérée comme définitivement acquise, comme en a témoigné la réapparition des excédents en 2008 et 2009».
La Cour poursuit en rappelant que le Conseil agricole a choisi de «maintenir l’instrument de l’intervention publique comme ''filet de sécurité''. Toutefois, en raison de sa minceur, le filet de sécurité risque de présenter une utilité limitée en cas de crise majeure, non proportionnée à l’importance des risques d’excédents auxquels l’UE pourrait faire face». Et donc que le l'objectif de la Commission de s'en tenir à un niveau de régulation minimal «pourrait rapidement s'avérer impossible à respecter».
Concernant la formation du prix du lait, la Cour des comptes estime que c'est à la Commission et aux Etats membres de s'assurer que la concentration de l'aval de la filière et de la distribution ne place pas les producteurs dans une «situation de véritables preneurs de prix et ne limite pas la possibilité pour les consommateurs finaux de bénéficier équitablement des baisses de prix».
La Cour des comptes encourage aussi à «approfondir la réflexion sur les stratégies à mettre en œuvre pour faire face à la fois aux problèmes spécifiques des régions dans lesquelles la production laitière est vulnérable, notamment les zones montagneuses, et aux conséquences environnementales de la concentration géographique de la production laitière».
Enfin, concernant la compétitivité de l'Union européenne sur les marchés mondiaux, la Cour constate que les producteurs européens ne sont pas concurrentiels dans les secteurs du beurre et de la poudre de lait, sauf quand les cours sont élevés. «En conséquence, il incombe à la Commission et aux Etats membres d'orienter en priorité leurs efforts vers la satisfaction des besoins du marché domestique européen et, complémentairement, vers la production de fromages et d’autres produits à haute valeur ajoutée exportables sans aides budgétaires».
La Confédération paysanne a réagi à la publication du rapport. «La Commission européenne et les ministres de l’Agriculture doivent entendre ce message porteur de solutions pour résoudre la crise laitière, déclare le syndicat. Ils doivent axer l’essentiel de leur travail sur l’amélioration de ''l'outil quotas'', sur la maîtrise et la répartition des volumes de production.»