Lactalis a décidé de fermer le site historique de fabrication des camemberts Lepetit à Saint-Maclou (Calvados) en raison d'une baisse des ventes, a-t-on appris vendredi auprès de la direction.
La fermeture du site, créé en 1890 par Léontine et Auguste Lepetit, interviendra «d'ici à la fin d'année», a indiqué Luc Morelon, directeur de la communication du groupe basé à Laval.
Il a expliqué la baisse des ventes, qui remonte «au début de 2008», par la «forte hausse des prix du lait, qui a fait passer au camembert le seuil psychologique des deux euros», mais aussi par «les attaques» subies selon lui par la marque Lepetit dans les médias depuis qu'elle a quitté l'appellation d'origine contrôlée (AOC) Camembert de Normandie.
Sur les 93 salariés de Lepetit à Saint-Maclou, 26 conserveront leur emploi sur place pour assurer la collecte de lait. Les autres seront redéployés sur un site voisin de Lisieux (Calvados) dans le pays d'Auge, où se poursuivra la fabrication des camemberts de la marque, a indiqué Lactalis.
Pour Philippe Lepetit, dernier membre de la famille fondatrice à avoir dirigé l'entreprise avant son rachat par Lactalis en 1978, la chute des ventes est avant tout liée à l'abandon de l'AOC en mars 2007. Les dirigeants de Lactalis «ont joué au poker et ils ont perdu», a-t-il affirmé.
Lactalis et Isigny-Sainte-Mère, qui pèsent à eux deux 80% du camembert AOC, avaient décidé de sortir de l'AOC certains de leurs produits (dont Lepetit) après avoir réclamé en vain l'abandon de l'obligation de lait cru pour l'obtention du label. Invoquant des raisons sanitaires, ils réclamaient le droit de chauffer («thermiser») ou microfiltrer le lait.