La Confédération paysanne, l'Unaf (Union nationale des apiculteurs de France) ainsi que des associations écologistes comme le MDRGF ont claqué la porte de la réunion du comité de suivi de l'autorisation du Cruiser qui avait lieu vendredi à la DGAL (Direction générale de l'alimentation du ministère de l'Agriculture ).
Ils contestent le protocole de suivi qui a été mis en place par le ministère dans trois régions (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Rhône-Alpes) afin de surveiller l'impact du Cruiser, à la suite de l'autorisation, en janvier, de ce traitement de semences à base de thiametoxam.
«Les conditions mêmes de mise en place de ce suivi ne permettent pas de donner une quelconque fiabilité et crédibilité aux résultats obtenus», regrette la Confédération paysanne. Elle conseille au ministre, Michel Barnier, «de prendre exemple sur son collègue italien qui vient d'interdire l'usage de tous les produits phytosanitaires contenant les matières insecticides neurosystémiques thiamétoxam, clothianidine, imidaclopride et fipronil en traitement de semences.»
De son côté, France nature environnement (FNE) n'est pas sortie de la réunion mais juge que les surfaces étudiées sont insuffisantes: «Seulement quelques dizaines d'hectares alors que les abeilles seront en réalité confrontées à des milliers d'hectares traités!», estimait FNE la veille de cette réunion. Par ailleurs, «seuls 34 sites d'expérimentation ont été mis en place contre 60 prévus», regrette Claudine Joly, en charge du dossier à FNE.
Selon elle, «FNE ne pourra valider ce protocole de suivi du Cruiser qu’à condition que les dispositifs expérimentaux correspondent a minima à ce qui est prévu dans le protocole et que toutes les informations prévues dans le protocole sur les cultures pratiquées dans les sites étudiés soient apportées. Sans ces prérequis, aucune conclusion fiable ne pourra être tirée de ce dispositif.»
Pour Claudine Joly, la DGAL se serait engagée à envoyer sous 15 jours un bilan intermédiaire de ce protocole d'expérimentation. Une prochaine réunion du comité de suivi doit avoir lieu dans un mois.
Une fois bouclé, le rapport d'évaluation devrait être transmis à l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et c'est sur la base de son avis que le ministère devrait prendre une décision sur l'homologation définitive du Cruiser.