Au sein de la chambre d’agriculture du département de la Savoie, une réflexion sur le réchauffement climatique a été engagée. Comment s’adapter aux possibles modifications du climat en préservant les ressources naturelles (l’eau en particulier), mais aussi la viabilité économique des exploitations? Plusieurs axes de travail ont été retenus.
«Outre le développement des circuits courts et la valorisation des énergies renouvelables déjà bien engagée dans le département, les économies d’énergie dans les exploitations doivent être amplifiées, estime Marcel Rosset, éleveur laitier et membre du pôle du développement durable. Alors que que plus d’un tracteur sur deux est suralimenté en carburant, le réglage du moteur permet une économie de 1.000 litres de carburant et de 2,5 tonnes de CO2 par an!»
Pour renforcer l’autonomie alimentaire des troupeaux, et sécuriser les productions végétales de proximité (arboriculture et viticulture), les Savoyards souhaitent engager des expérimentations concernant le choix des variétés et des espèces, la modification des techniques culturales, la recherche d’une meilleure efficience des fourrages. L’extension ou le renforcement de réseaux localisés d’irrigation, la préservation du foncier dans les espaces périurbains constituent également des mesures essentielles.
«Réalité, le changement climatique constitue une responsabilité commune. Nous, agriculteurs, ne pourrons pas agir seuls. Nous aurons besoin des élus pour cofinancer les actions à mettre en place, déclare Patrice Jacquin, président de la chambre d’agriculture de la Savoie. Par ailleurs, nos efforts ne seront suivis d’effet que si les consommateurs adoptent un comportement d’achat qui privilégie les produits locaux et de saison, le goût plutôt que la forme.»
«Entre 1960-80 et 1980-2000, une augmentation moyenne de température de 2°C a été enregistrée sur le massif de Belledonne à 1.800 mètres d’altitude, notent Eric Brun et Philippe Yvrande, de Météo France. En cinquante ans au col de Porte dans le massif de la Chartreuse à 1.320 mètres, l’épaisseur du manteau neigeux s’est réduite de moitié». Plus fortes et plus rapides en montagne qu’en plaine, ces évolutions climatiques bouleversent les calendriers et les conditions de production: avancement des dates de fenaison et de la montée en estive, floraison plus précoce des arbres fruitiers avec des risques accrus de gelée, pression croissante des ravageurs (campagnols)...
Confrontés à un climat chaotique, les agriculteurs essaient de maintenir le système existant en s’adaptant au coup par coup. Pour compenser la baisse des rendements fourragers en plaine, les achats complémentaires de fourrage et de concentré augmentent, la demande d’accès aux pâturages d’alpage s’accentue. Cette situation qui génère des coûts et du travail supplémentaires n’est pas tenable à terme. D’autant que les cahiers des charges des produits AOC-IGP rendent les adaptations plus difficile.