L'économiste américain Jeffrey Sachs, conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU, a réclamé lundi une réduction des programmes américains et européens de promotion des biocarburants, qui «n'ont pas de sens» face à la crise alimentaire mondiale.
«Nous devons réduire de façon significative nos programmes de biocarburants, qui étaient compréhensibles au temps où les prix alimentaires étaient beaucoup plus bas et les stocks de nourriture plus grands. Ils n'ont pas de sens aujourd'hui, dans des conditions de famine mondiale», a déclaré M. Sachs lors d'une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles.
Reconnaissant que l'impact des programmes américains, plus développés, était plus important, il a souligné que les biocarburants européens – limités pour l'instant, mais qui doivent augmenter à 10% de la consommation d'ici à 2020 – avaient aussi «un réel impact».
«Je recommanderais au moins une révision des deux (programmes, américain et européen), en fonction des nouvelles conditions du marché», a insisté le conseiller spécial de Ban Ki-moon pour les objectifs du millénaire pour le développement.
Son collègue John Holmes, responsable de la nouvelle cellule de crise des Nations unies chargée de la question de la flambée des prix alimentaires, avait mis en garde mercredi contre toute réponse hâtive au développement des biocarburants.
M. Sachs, qui a lié la crise alimentaire à la hausse de la demande et aux catastrophes climatiques, a appelé à ne pas répondre à cette crise uniquement par une aide alimentaire d'urgence.
«La première étape devrait être d'aider les petits fermiers en Afrique et dans les autres régions à bas revenus à augmenter leur rendement», en leur fournissant engrais, semences plus efficaces et systèmes locaux d'irrigation, a insisté M. Sachs, notant que «heureusement», aider à faire pousser de la nourriture localement coûtait «un dixième» de l'acheminement de l'aide alimentaire.