Les agriculteurs français estiment, à la quasi-unanimité, participer à la protection de l'environnement et jugent globalement injustifiées, les critiques dont ils font souvent l'objet, selon un sondage réalisé par BVA pour le Groupe France Agricole et publié le 5 septembre.
Les agriculteurs sont à 97% convaincus de travailler à la défense de l'environnement: 37% qualifient même leur rôle de «très important» et 60% de «plutôt important», relève le sondage de BVA réalisé les 11 et 12 août auprès de 410 chefs d'exploitation dont la surface est supérieure à 35 hectares.
78% des personnes interrogées estime que les critiques sur les «nombreuses atteintes à l'environnement» qui leur sont faites sont «peu» (49,5%) ou «pas du tout» (28%) justifiées. Ils sont en revanche 19,5% à les trouver «assez justifiées» et une minorité (2,5%), «tout à fait justifiées».
La jeune génération est prête à s'investir dans le défi de l'environnement: 49% des moins de 35 ans sont prêts à entreprendre un bilan énergétique (différentiel entre consommation et production d'énergie) de leur exploitation, contre 15% des 55 ans et plus, toujours selon le sondage. Chez les moins de 35 ans, ils ne sont toutefois que 12% à l'avoir entrepris.
Une majorité (54,50%) des exploitants agricoles ne souhaitent pas se lancer dans une démarche de certification de haute valeur environnementale (décision actée lors du Grenelle de l'environnement). En effet, cette mesure peut être perçue comme une contrainte bureaucratique de plus.
Même si un agriculteur sur deux estime être suffisamment formé à l'usage des produits phytosanitaires, une proportion élevée de 47% souhaite continuer à se former.
Les agriculteurs affirment à 68% qu'on peut leur faire «tout à fait» confiance pour poursuivre les efforts en matière d'environnement, alors que ce point de vue n'est partagé que par 33,6% des Français. De même les visions sont différentes sur les efforts entrepris: alors que 41% des agriculteurs pensent qu'une majorité d'entre eux ont appliqué les règles de bonne pratique agricole (traçabilité, production sous label...), seulement 11% des Français ont la même opinion. La grande majorité des personnes interrogées estime utile d'informer le grand public sur les règles de bonnes pratiques agricoles.
Sur les biocarburants, l'opinion des agriculteurs est segmentée: près de 50% d'entre eux pensent que la production de biocarburants limite la production alimentaire. Cette opinion est moins forte parmi les exploitations de grandes cultures (38%). Ce sont elles qui bénéficient le plus de la hausse des prix, en partie, indexés sur le pétrole. En revanche, les éleveurs redoutent que les biocarburants – en limitant les surfaces produites pour l’alimentation animale – ne viennent augmenter le prix des aliments pour animaux.
La majorité des agriculteurs pense ne plus bénéficier de prix élevés pour leurs récoltes à l’avenir. Mais ils ont profité de la hausse des prix cette année pour se rééquiper, et ce au profit de matériel plus performant. Leurs intentions pour 2008/2009 restent de même niveau: en effet, 6% des agriculteurs interrogés pensent acheter un tracteur au cours des 6 prochains mois, ce qui confirme la bonne tendance (environ 28.000 tracteurs standard neufs en 2007).
Il y a là une forme de contradiction: ils ne croient pas au maintien des prix élevés des céréales tout en affichant la volonté de maintenir leurs investissements. En fait, les agriculteurs investissent lorsqu'ils en ont l'opportunité. Notons néanmoins que ces intentions émanent surtout d’exploitations de grandes cultures (11% d’intention chez les plus de 150 ha). Les éleveurs sont davantage pénalisés par le prix élevé des carburants.
Les céréaliers ont atteint le maximum de ce qu’ils peuvent produire en céréales (78,3% n'envisagent pas de produire plus de céréales à l'avenir). Augmenter les surfaces est le premier moyen auquel les agriculteurs pensent recourir pour augmenter leur production céréalière. La restructuration des exploitations se poursuit. Elle est liée à la crainte de voir les prix à nouveau s'orienter vers la baisse. Les agriculteurs français veulent rester compétitifs. L'autre moyen envisagé: augmenter la productivité. Pour ce faire, les agriculteurs se placent dans une perspective durable: c’est davantage par les techniques culturales que par les engrais ou les phytosanitaires qu’ils pensent pouvoir produire davantage sur leurs surfaces actuelles.
Face à l’augmentation du coût de l’énergie, la grande majorité des agriculteurs vont chercher à réduire leur consommation en étant plus économe avec le matériel existant (64%) ou encore en investissant dans du matériel plus économe ou plus puissant pour travailler davantage de surfaces. Ils vont également raisonner davantage leur consommation d’intrants (57%). Produire leur propre énergie est une voie envisagée par 13%.
Notons que 43% affichent une attitude davantage pessimiste en déclarant envisager de réduire leurs investissements en matériel, ce qui confirme bien la coexistence de deux agricultures avec une génération qui se prépare à partir en retraite.
Téléchargez le Sondage BVA / Groupe France Agricole (686.07 Ko)
