La pression montait déjà depuis deux ans, et au cours de l'été 2007, les voyants sont passés au rouge. Certaines commandes de spécialités herbicides à base de glyphosate ont subi d'importants retards ou n'ont tout simplement pas pu être honorées. Les génériques ont été plus durement touchés, mais aucune marque n'a été épargnée.
«Cette situation risque de durer un certain temps, confirme Christophe Zambaux, directeur marketing, chez Nufarm. Les capacités de production à l'échelon mondial sont globalement en régression». Certaines unités de production aux Etats-Unis dans la région de St Louis n'ont pas été remises en route depuis le passage des derniers ouragans dans la région.
De plus, le glyphosate d'origine chinoise est encore loin de pouvoir compenser la hausse de la demande. «Si la stratégie de l'entreprise est d'augmenter sa capacité de production, précise-t-on chez Monsanto, elle ne sera réellement effective que dans deux ans. La situation de tension sur le Roundup est donc une réalité pour les prochaines années».
Par rapport à 2006, les besoins français et européens en glyphosate ont augmenté de 4% environ.
Didier Montaldo de Dow Agrosciences fait le même constat que ses confrères: «La conjoncture a été très favorable avec les conditions climatiques humides et la part croissante des techniques culturales simplifiées». Pourtant, la France ne consomme que 10% des 130 millions de litres utilisés annuellement dans le monde, contre 60% pour les seuls Etats-Unis.
En fait, dans ce pays comme dans tous les pays du globe où la culture des OGM résistants à cet herbicide non sélectif est autorisée, la demande a fait un bon en avant. Les surfaces couvertes de variétés de maïs, de soja ou encore de coton «Roundup Ready» ont connu une progression de l'ordre de 20% en 2007. Elles couvraient 80 millions d'hectares en 2006.
Les fabricants promettent de tout mettre en oeuvre pour éviter qu'un tel événement ne se renouvelle. «Cheminova est complètement autonome dans sa production, insiste Dominique Rabourdin, directeur marketing de la société danoise. Davantage de volumes seront alloués à la France pour sécuriser l'approvisionnement» .
Certains opérateurs, comme le confirme Jérôme Rouveure (Phyteurop), ont même anticipé le démarrage de la nouvelle campagne de commercialisation.
Nul doute que pour l'an prochain, il faudra s'attendre à une augmentation d'au moins de 10% des coûts de production. Une hausse qui se répercutera à coup sûr sur la facture des distributeurs.